Hausse vertigineuse de l’extrême droite au Québec en une décennie
Les événements liés au mouvement ont connu une progression de 6350 %
Les activités de l’extrême droite au Québec ont connu une hausse fulgurante au cours de la dernière décennie, passant de deux incidents par année à deux par semaine, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui, qui montre que ce mouvement se radicalise plus que jamais.
Le Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR) a recensé 521 événements de l’extrême droite au cours des 10 dernières années.
Crimes, manifestations, actions militantes, concerts, conférences et activités politiques ont été scrutés à la loupe par les chercheurs du CEFIR ( voir encadrés).
De 2010 à 2020, ceux-ci notent que le mouvement est passé de deux à 129 activités annuelles au Québec.
« C’est une progression de 6350 % des activités de l’extrême droite en 10 ans. On se doutait qu’il y avait une augmentation. Par contre, jamais je n’aurais cru que c’était de cette ampleur-là », confie Martin Geoffroy, directeur du CEFIR.
Pour en arriver à ces résultats, les chercheurs ont fouillé scrupuleusement les médias sociaux, les médias traditionnels, en plus d’observer des événements sur le terrain.
« On pense souvent que l’extrême droite est seulement sur internet, mais non. On voulait aussi quantifier ce qui se produisait en vrai. C’est quelque chose qui ne s’était jamais fait auparavant », explique M. Geoffroy.
DES « EXTRÉMISTES » TRÈS ACTIFS
La mesure de la montée de l’extrême droite au Québec est devenue possible, entre autres, grâce à des militants qui sont sous la loupe du CEFIR.
Le groupe Atalante est de loin le plus actif du mouvement puisque celui-ci est responsable de 194 événements durant les 10 dernières années. Selon le rapport, en deuxième position, on retrouve les groupes anti-mesures sanitaires qui sont à l’origine de 72 activités.
« Pour nous, ces groupes sont des extrémistes parce qu’ils refusent de jouer le jeu de la démocratie libérale. Bref, ce sont des individus qui veulent renverser le gouvernement », précise le directeur du CEFIR.
2020, PIRE ANNÉE
Martin Geoffroy souligne que l’extrême droite a enregistré une hausse marquée à partir de 2015 et a pris de l’ampleur au cours des années qui ont suivi. L’élection de Donald Trump, l’attentat à la mosquée de Québec, les demandeurs d’asile à la frontière canado-américaine et l’élection de la CAQ sont parmi les événements qui ont mis le vent dans les voiles du mouvement.
Selon le CEFIR, 2020 a été l’année la plus active de l’extrême droite en ce qui concerne les crimes et les manifestations au Québec, en raison de la pandémie qui a exacerbé le problème. La violence – notamment physique – a augmenté fortement d’environ 133 % durant cette seule année.