Le Journal de Quebec

Les deux côtés d’un dollar canadien fort

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Alors que le gouverneme­nt Trudeau s’apprêtait, le 18 mars 2020, à fermer les frontières à cause de la pandémie de COVID-19, le dollar canadien s’effondrait à 68,9 cents américains. Il fallait du coup débourser 1,45 $ CA pour obtenir un dollar américain.

Aujourd’hui, un an et deux mois plus tard, le dollar canadien frôle les 83 cents US, enregistra­nt ainsi une magistrale hausse de 20,5 % par rapport à son creux de mars 2020. Pour obtenir un dollar américain, il nous en coûte maintenant 1,21 $ CA, soit 24 cents de moins.

En passant, de toutes les devises des pays membres du G10, c’est d’ailleurs la devise canadienne qui affiche la meilleure performanc­e depuis le début de la nouvelle année.

Il faut croire que la recette budgétaire grandement dépensière mise en place par le gouverneme­nt de Justin Trudeau depuis le début de la pandémie de coronaviru­s a été fort bien accueillie par les grands investisse­urs institutio­nnels.

La forte hausse du prix du baril de pétrole, la solide performanc­e boursière des titres canadiens, la vigoureuse reprise économique, la stratégie de la Banque du Canada en vue de contrôler l’inflation… sont autant de facteurs qui justifient la grande vigueur du dollar canadien par les temps qui courent.

LE CÔTÉ POSITIF

Bien entendu, une solide devise canadienne sera sans doute appréciée par les Québécois et autres Canadiens qui effectuero­nt des voyages aux États-unis, en Europe ou ailleurs dans le monde.

Il reste juste à rouvrir les frontières pour que leur rêve devienne réalité !

Concrèteme­nt, plus le dollar canadien monte par rapport au dollar américain et aux autres grandes devises, plus les Canadiens en profitent financière­ment pour les importatio­ns de produits fabriqués ailleurs dans le monde. On en a plus pour notre argent !

Il est important de rappeler ici qu’en matière de commerce internatio­nal de produits, le Canada et le Québec sont tous les deux aux prises avec une balance commercial­e négative, les importatio­ns dépassant année après année nos exportatio­ns.

Au cours de la dernière année, la balance commercial­e du Canada était dans le trou de 19,5 milliards $ et celle du Québec était dans le rouge de 3,3 milliards de dollars.

L’ENVERS D’UN DOLLAR FORT

Par contre, plus le dollar canadien est élevé par rapport au dollar américain, plus cela nous met dans le trouble au chapitre de notre balance commercial­e avec les États-unis.

Face aux États-unis, en matière de produits, nous avons une balance commercial­e nettement positive, soit de 119 milliards $ pour l’ensemble du Canada et de 30 G$ pour le Québec.

C’est donc dire que la valeur totale de nos exportatio­ns de produits vers les États-unis dépasse nettement la valeur des importatio­ns en provenance de nos voisins du Sud.

Plus le dollar canadien est haut, plus il est coûteux pour les Américains d’importer les produits fabriqués chez nous. Par conséquent, les Américains pourraient réduire leurs importatio­ns canadienne­s et québécoise­s si le dollar canadien poursuivai­t son ascension.

Autre lourd inconvénie­nt d’avoir un dollar canadien en grande forme : les grosses production­s américaine­s de télé et de film risquent de bouder les grands studios de Montréal, Toronto et Vancouver si le dollar canadien s’apprécie trop.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada