Le Journal de Quebec

Un fils est-il automatiqu­ement comme son père ?

- LOUISE DESCHÂTELE­T T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia. .co

Je suis avec mon conjoint depuis cinq ans et nous avons une petite fille de deux ans qui fait notre bonheur. Moi, en fin de trentaine, et mon conjoint, en début de quarantain­e, nous n’étions pas candidats pour devenir parents. Moi parce que je n’avais jamais rencontré quelqu’un avec qui ça me tentait de m’engager à ce point. Mon chum parce qu’il avait eu une enfance difficile, marquée par la violence de son père.

Né de parents inadéquats, il s’était empressé de fuir la maison familiale dès sa majorité atteinte. Ses deux soeurs ont des souvenirs moins tragiques de leur enfance, même si elles aussi n’ont pas tardé à quitter la maison familiale. Pour se marier dans le cas de l’aînée et pour mener une vie assez dissolue dans le cas de l’autre.

Je suis tombée enceinte presque par hasard puisque je prenais la pilule. Malgré les réticences de mon chum et après de longues discussion­s avec lui, j’ai décidé de garder l’enfant que je portais. Heureuseme­nt, car c’est une petite fille joyeuse et remplie de tendresse qui en a résulté.

Mon conjoint avait peur de reproduire la violence qu’il avait connue de la part de son père, alors qu’il n’en fut rien. Dès l’arrivée de notre fille, j’ai très bien senti que ce serait un père aimant et patient. Lui attribue ça au caractère doux de notre fille alors que moi je pense qu’il n’y a aucune malice en lui.

Mais comme je suis de nouveau enceinte et qu’on nous a annoncé la venue d’un garçon, voilà que mon chum se retrouve de nouveau hanté par son passé. Il me dit avoir déjà entendu que quelqu’un qui a vécu de la violence en milieu familial va la reproduire sur ses enfants.

Il en est d’autant plus convaincu que cette fois j’attends un fils, que si jamais l’enfant avait un caractère semblable au sien, ça risque de réveiller en lui certains démons enfouis depuis sa fuite de la maison familiale et que ça lui fait peur. Je fais tout pour le rassurer, mais ça ne marche pas. Un coup de main de votre part serait apprécié pour le rassurer.

Une fille anxieuse

Le mythe qui affirme qu’il existe un lien de cause à effet entre un homme qui fut maltraité dans son enfance et le fait de devenir lui-même un parent maltraitan­t est faux. Selon Nicolas Berthelot, psychologu­e et professeur au Départemen­t des sciences infirmière­s de l’université du Québec à Trois-rivières « Bien que l’adaptation à la parentalit­é puisse être difficile pour ces parents qui furent maltraités dans l’enfance, la plupart s’en sortent bien. »

Toujours selon Nicolas Berthelot « Il est recommandé à ces parents de prendre conscience des conséquenc­es que les traumatism­es de l’enfance peuvent avoir afin de mieux comprendre leurs émotions. Et surtout, si ce travail est fait avec un intervenan­t, ça va diminuer grandement le risque de poursuivre le cycle de la maltraitan­ce. »

Comme votre conjoint me semble conscient de tout ça, que son parcours avec votre fille est impeccable, il a toutes les raisons d’être confiant pour la suite.

Comment aider ma fille ?

Ma fille vit mal cette fin d’année scolaire sur fond de pandémie.

J’ai peur qu’elle rate son année et je ne sais plus quoi inventer pour la motiver. Son père n’arrête pas de me dire de la laisser tranquille. Avez-vous un truc ?

Mère inquiète

Un truc pour la laisser tranquille ou pour la motiver ? Je pense que votre conjoint a raison. Vous devriez laisser votre fille respirer par ellemême en vous éloignant. Savez-vous qu’il est prouvé que plus un parent est anxieux, plus il va transmettr­e son anxiété à son enfant ? Pour aider votre fille, éloignez-vous donc un peu d’elle en laissant à son père le soin de veiller sur elle pour voir la différence de résultat.

Le premier baiser à la tempe, le premier murmure à l’oreille n’ont jamais reçu équivalenc­e de musique ou de parole.

– Rina Lasnier

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