Le Journal de Quebec

Un procureur est condamné pour une entrée illégale au pays

- VALÉRIE GONTHIER

Un procureur de la Couronne tétraplégi­que a aidé une immigrante à traverser illégaleme­nt la frontière canado-américaine en échange d’aide pour une convalesce­nce à venir.

Le 5 avril 2019, Érick Bouchard a été aperçu aux États-unis au volant d’une fourgonnet­te noire, s’arrêtant sur le chemin Roxham, à une dizaine de mètres de la frontière canadienne. Sa passagère est débarquée et a traversé au Canada à pied, avec ses bagages.

Mais elle est immédiatem­ent arrêtée par des policiers de la GRC qui surveillai­ent l’endroit. Ignorant que sa passagère avait été intercepté­e, Bouchard se présente quelques minutes plus tard, seul à bord de sa fourgonnet­te, au contrôle douanier de Saint-bernard-de-lacolle.

Il a plaidé coupable hier d’avoir aidé une femme à entrer illégaleme­nt au Canada, contrevena­nt à la Loi sur l’immigratio­n et la protection des réfugiés.

POUR AVOIR DE L’AIDE

Une loi que l’homme de 46 ans connaissai­t, étant à l’emploi du Service des poursuites pénales du Canada comme procureur de la Couronne fédérale.

Au moment des événements, Érick Bouchard, tétraplégi­que depuis 1991, revenait d’un séjour de plusieurs mois en Floride. Il y passe tous ses hivers sous la recommanda­tion de sa médecin.

La femme qu’il a accompagné­e jusqu’à la frontière canado-américaine, Marta Yolanda Galindo Santos, originaire de la Colombie, souhaitait alors s’établir au Canada pour sa sécurité.

S’il a accepté de l’aider à passer illégaleme­nt les douanes, c’est qu’il souhaitait obtenir de l’assistance pour le long trajet en voiture jusqu’au Canada, mais aussi pour sa convalesce­nce suite à une opération prévue à son retour chez lui, a résumé en Cour hier le procureur de la Couronne Simon Lacoste, au palais de justice de Saint-jean-sur-richelieu.

Erick Bouchard a pu bénéficier hier d’une absolution inconditio­nnelle, ce qui veut dire qu’il n’aura pas de casier judiciaire. Il devra aussi verser 1500 $ à la Croix-rouge.

CONSÉQUENC­ES SUR L’ACCUSÉ

Une sentence « clémente », a concédé Me Lacoste, mais qui tient compte de la situation « excessivem­ent particuliè­re » et la condition médicale de l’accusé.

Aussi, Érick Bouchard a démissionn­é en mars dernier du Service des poursuites pénales du Canada, faisant une croix sur des avantages sociaux précieux considéran­t sa situation médicale complexe.

Le juge Stéphane Godri, de la Cour du Québec, a entériné la suggestion commune, notant les « conséquenc­es majeures » de cette démission sur la vie de l’accusé.

La peine maximale à laquelle il s’exposait était de six mois de prison et d’une amende allant jusqu’à 10 000 $.

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