Le Journal de Quebec

165 décès de violence conjugale en 10 ans à l’échelle du Québec

- OLIVIER FAUCHER

La violence conjugale a causé la mort de 165 personnes entre 2008 et 2018, selon de nouvelles données qui rappellent que ce fléau existait bien avant la pandémie.

C’est ce qu’on apprend dans un récent rapport de l’institut national de santé publique du Québec. Ce recensemen­t de données sur 10 ans a été réalisé dans le cadre de ce plan d’action sur la violence conjugale dont le Québec s’est doté en 2017.

Parmi les décès, 82 sont des victimes directes de la violence conjugale et sont le plus souvent des femmes. Les enfants d’âge mineur forment la majorité des 27 victimes collatéral­es, alors que les 56 autres sont des agresseurs qui se sont le plus souvent enlevé la vie.

L’homicide d’une femme et de son enfant constitue le type de décès le plus fréquent. La cohabitati­on entre l’agresseur et sa victime, les antécédent­s de violence dans le couple et la séparation récente de celuici constituen­t les principaux facteurs de risque.

SIGNAUX À DÉPISTER

Une victime directe sur quatre évoquée dans le rapport avait été en contact avec les policiers alors que dans environ 1 cas sur 10, la victime ou l’agresseur avait demandé ou reçu des services sociaux ou de santé.

Cela démontre que les différents profession­nels doivent être mieux formés, selon Simon Lapierre, professeur à la Faculté des sciences sociales de l’université d’ottawa.

« C’est préoccupan­t, le fait qu’ils ont été en contact avec les profession­nels et qu’on n’ait pas été en mesure de prévenir [ces crimes] », mentionne-t-il.

« Ce que ça dit, comme on l’a recommandé, c’est qu’il faut améliorer la formation des policiers, les aider à détecter des signes qui sont parfois moins visibles », soutient Louise Riendeau, du Regroupeme­nt des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC), en entrevue à TVA Nouvelles.

AVANT LA PANDÉMIE

Ces données sont révélées alors que le Québec connaît une hausse fulgurante des féminicide­s dans le contexte de la pandémie.

« La situation avant la pandémie était déjà très difficile et il y avait déjà un manque de ressources », rappelle Claudine Thibaudeau, travailleu­se sociale et responsabl­e du soutien clinique à SOS violence conjugale.

« L’accélérati­on de la conscienti­sation » dans la population et la hausse des budgets gouverneme­ntaux la rendent toutefois optimiste pour l’avenir. Celle-ci espère donc voir le nombre de victimes baisser au cours des prochaines années.

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LOUISE RIENDEAU Porte-parole du RMFVCC

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