Un lien dont l’est « n’a pas besoin »
Des élus sont sceptiques quant aux retombées du tunnel Québec-lévis pour leurs régions
« C’EST UN PROJET TRÈS IMPORTANT, MAIS C’EST UN PROJET QUI EST ABSOLUMENT NÉCESSAIRE. NÉCESSAIRE POUR QUÉBEC, NÉCESSAIRE POUR LÉVIS ET LA RIVE-SUD, ET JE DIRAIS UNE BONNE PARTIE DE CHAUDIÈRE-APPALACHES, ET PUIS MÊME POUR UNE BONNE PARTIE DE L’EST DU QUÉBEC. »
– François Legault, premier ministre du Québec
Des maires de l’est de la province ont du mal à voir en quoi un tunnel routier entre Québec et Lévis « est nécessaire » pour leur coin de pays, comme l’a laissé entendre François Legault lundi.
« C’est un lien qui est nécessaire pour Québec, pour Lévis et pour tout l’est du Québec. Parce que là, si on va plus loin que Québec, on voit qu’il y a une situation effectivement qui est critique », a déclaré le premier ministre québécois lors de l’annonce du mégaprojet.
« J’ai beaucoup d’ouverture, mais je cherche à comprendre », a réagi le maire de Baie-comeau, Yves Montigny.
S’il n’est « pas contre l’idée », il soutient que sa région a d’autres besoins pressants en matière de transports, comme d’avoir « un premier lien fiable » avec le Bas-saint-laurent.
Il milite aussi pour la construction d’un pont entre Tadoussac et Baie-sainte-catherine.
GRAND DÉTOUR
À la hauteur de Baie-comeau et de Matane, les bris de service du traversier ont forcé plus d’une fois les automobilistes à faire le grand détour par Québec.
« On ne peut pas penser que parce qu’on fait un autre lien additionnel à quelques kilomètres [des ponts de Québec], les citoyens vont être heureux de faire un détour de 800 kilomètres, mais en sauvant 10 kilomètres. Comprenez que ça n’a ni queue ni tête », lance M. Montigny.
« Je comprends les gens de Québec d’essayer d’améliorer leur situation, mais ce n’est pas vrai que ça améliore la situation des citoyens de Baie-comeau », dit-il.
« Ce n’est pas de ça qu’on a besoin », abonde de l’autre côté du fleuve Martin Soucy, maire de Mont-joli. Selon lui, le projet de réfection de l’aéroport de sa municipalité, qui nécessite encore 15 millions $ pour boucler le budget, serait « un outil de développement économique pas mal plus qu’un tunnel ».
En plus d’un service de traversier « décent » à Matane, il soutient que la desserte du transport collectif interurbain gagnerait également à être bonifiée.
AUTOROUTE 20
De son côté, sans se prononcer sur le projet de tunnel, le maire de Rimouski,
Marc Parent, croit que « ce qui aura le plus d’impact pour l’est du Québec, c’est le prolongement de l’autoroute 20 », entre Trois-pistoles et le Bic.
En ce sens, il s’est dit encouragé par une déclaration de François Legault, qui a assuré la semaine dernière que ce projet allait être réinscrit au Plan québécois des infrastructures.
Plus près de Québec, la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-appalaches (TREMCA) a accueilli très favorablement l’annonce du tunnel lundi.
Son président, Paul Vachon, y voit un gain pour le transport de marchandises – vital pour l’économie de la région – et les résidents qui éviteront « tout un détour par les ponts », particulièrement en provenance de Lévis, Bellechasse, Montmagny et L’islet.