Trudeau taxé d’hypocrisie pour ses excuses aux Italo-canadiens
Des historiens considèrent que le gouvernement de Justin Trudeau fait preuve d’« hypocrisie » en offrant des excuses aux Italo-canadiens internés durant la guerre sans toutefois en faire aux Québécois qui ont été emprisonnés durant la crise d’octobre de 1970.
« C’est clairement du deux poids, deux mesures », avance Frédéric Bastien, président du groupe Justice pour les prisonniers d’octobre 1970.
Justin Trudeau présentera des excuses le 27 mai aux Italo-canadiens. Ils ont été un peu plus de 600 durant la Seconde Guerre mondiale à être internés.
L’italie était alors une alliée de l’allemagne d’adolf Hitler.
Ils ont été incarcérés « pour la simple raison qu’ils étaient d’origine italienne », avait affirmé le mois dernier en chambre le député libéral Angelo Iacono.
VICTIMES DE LA CRISE D’OCTOBRE
En octobre 1970, après l’enlèvement de James Cross et Pierre Laporte par le Front de libération du Québec (FLQ), le premier ministre Pierre Elliott Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures de guerre, menant à l’arrestation sommaire de près de 500 Québécois. Cinquante ans plus tard, Ottawa a refusé de s’excuser.
Pourtant, Justin Trudeau « a dit publiquement qu’il faut “questionner” le passé des anciens premiers ministres incluant son père, pointe M. Bastien, ex-candidat à la chefferie du Parti québécois. Ça, ce sont de belles paroles, mais les bottines ne suivent pas les babines ».
EN COUR
Le groupe Justice pour les prisonniers d’octobre 1970 traîne le gouvernement fédéral en Cour supérieure pour déclarer notamment l’invalidité constitutionnelle de la proclamation édictée par Ottawa en vertu de la Loi sur les mesures de guerre.
Gaétan Dostie, un des plaignants dans cette affaire, avait été arrêté par les policiers en pleine nuit pour passer deux semaines derrière les barreaux.
« Ces gens-là sont toujours vivants, et ces gens-là, ils vivent toujours des répercussions de ces événements. Ce n’est pas théorique pour eux d’avoir des excuses », insiste Frédéric Bastien.
L’institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI), qui est intervenant dans cette cause, a publié en 2020 une étude se penchant sur les gestes politiques posés durant la crise d’octobre.
« Toutes les arrestations, toutes les perquisitions étaient illégales », résume Daniel Turp, président de L’IRAI.
Appelé à commenter, le bureau du premier ministre s’est abstenu de préciser sa position.