Le Journal de Quebec

Le français n’est pas une langue quétaine !

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Navigant souvent sur le web, j’entends beaucoup parler de la langue française au Québec. Parler des révisions de la nouvelle orthograph­e. Parler des sacres. Parler du joual. Parler de politique. Mais ce que j’entends le plus, ce sont les gens qui parlent de la peur du déclin du français au Québec. Et comme je suis qualifiée de « jeune », à 20 ans, je crois que je pourrais bien donner ma propre opinion sur le sujet, et peut-être faire réfléchir un peu plus les gens.

Vous voyez, moi, j’ai grandi dans une famille où le français, c’était sacré. Mon père était directeur d’école, ancienneme­nt acteur, et ma mère était une enseignant­e (et maintenant orthopédag­ogue). À Noël, je recevais souvent des livres. Chaque soir, avant de nous coucher, ma mère nous lisait une histoire, à moi et ma soeur, et nous invitait à lire avec elle. Ce rituel nous a toutes les deux poussées à écrire nos propres histoires, une fois devenues adultes.

L’AMOUR DU FRANÇAIS

Mon amour du français m’a rendue beaucoup plus sensible aux anglicisme­s et aux autres folies des jeunes de mon âge. Au début, c’était rare, mais plus je vieillissa­is, plus je me rendais compte du nombre de jeunes qui parlaient « franglish ».

Tout de même, je me suis obstinée à parler français. Oui, même si mes amis sur internet parlaient tous anglais, j’étais fière de ma langue, et je ne voulais pas céder à la pression sociale de tant de jeunes Québécois.

Ce qui était le plus dur, c’était en ligne. Je suis une artiste, alors j’aime bien me faire amie avec d’autres artistes.

Mais le nombre de fois où j’ai vu un artiste qui m’avait l’air anglophone, qui publiait seulement en anglais, et que j’ai été tristement surprise en voyant, en gros Québec, Canada ou Montréal, Québec, écrit sur leur biographie… ça me brisait le coeur à chaque fois. Et quand je parle avec mes amis québécois, très souvent, ils vont dire des mots et des phrases en anglais en parlant.

Sans rapport ni lien avec le sujet. Juste… comme ça.

PROTÉGER NOTRE LANGUE

Mon chum, qui vient d’irlande, au fil des années, a bien vu ma détresse, et il s’est mis à apprendre le français. Pour moi. Honnêtemen­t, je dirais que son action m’a beaucoup aidée.

C’est étrange, tout de même, le nombre d’anglophone­s hors Canada et d’allophones que je rencontre qui me disent qu’ils veulent apprendre le français. Qui me disent que je suis chanceuse de le parler.

Et pourtant, chaque jour, il y a des jeunes Québécois autour de moi qui ont l’air de le trouver dégoûtant. Comme si le français, c’était une langue quétaine. Une langue de vieux. Une langue périmée.

Je ne sais pas si je suis la seule à penser ça, mais je trouve que le français est une langue magnifique. Il faut la protéger. En prendre soin. Mais surtout, je crois qu’il faut redonner aux jeunes un amour de la langue. Il faut leur montrer combien elle est belle.

Des fois, j’espère que les histoires que j’écris peuvent aider, mais je ne suis qu’une seule fille devant des milliers de personnes. Je ne peux pas faire ça seule. Je ne sais pas ce qu’on pourrait faire. Mais il faut trouver une solution.

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Rosalie Gosselin Artiste-écrivaine Sainte-thérèse

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