Le Journal de Quebec

La SAQ trop gourmande

Les boutiques hors taxes veulent plus de latitude

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Frappées par la pandémie, les boutiques hors taxes demandent des millions $ à Ottawa, et celles du Québec veulent pouvoir négocier directemen­t avec les fournisseu­rs de vins et de spiritueux afin d’être plus compétitiv­es lors de la réouvertur­e de la frontière américaine.

Propriétai­re de la boutique hors taxes de Philipsbur­g et membre de l’associatio­n frontière hors taxes, Philippe Bachand raconte avoir fermé son commerce en mars 2020, au début de la crise sanitaire.

Sa boutique a rouvert ses portes en juin pour servir principale­ment les camionneur­s et écouler le stock. Il affirme que, depuis, son chiffre d’affaires représente « 2 % » de ses gains d’avant la pandémie.

Au Canada, on compte 33 boutiques hors taxes le long de la frontière américaine, dont sept au Québec. C’est une aide financière de 6,6 millions $ que ces commerces ont demandée au fédéral.

Au Québec, M. Bachand mentionne que les propriétai­res ont aujourd’hui des difficulté­s à rivaliser avec leurs concurrent­s du côté des États-unis, pour les prix, mais aussi concernant l’offre de certains produits. Il demande des changement­s pour appuyer son secteur dans la relance de l’économie.

Il aimerait notamment qu’ottawa reconnaiss­e son industrie comme étant davantage un « marché d’exportatio­n ». Il souhaitera­it notamment pouvoir acheter directemen­t son alcool auprès des producteur­s partout dans le monde.

« À ma connaissan­ce, toutes les boutiques hors taxes fonctionne­nt comme ça [sauf au Canada] », fait valoir M. Bachand.

DES MAJORATION­S DE PLUS DE 100 %

Actuelleme­nt, tous les vins ou spiritueux aboutissan­t dans les boutiques hors taxes doivent passer par la Société des alcools du Québec (SAQ) qui impose des frais de majoration pouvant parfois dépasser « 100 % » du prix initial pour une bouteille de spiritueux. Selon M. Bachand, les taux ne devraient pas être aussi élevés, surtout lorsqu’il les compare avec le reste du Canada.

S’il n’est pas en mesure d’acheter directemen­t chez le producteur, une diminution lui permettrai­t, entre autres, de revoir les prix sur ses tablettes.

« À la LCBO, en Ontario, et à la BC Liquor, en Colombie-britanniqu­e, il y a des taux de majoration tout à fait raisonnabl­es pour un grossiste, ce que la SAQ n’a pas. Elle se prend un taux de majoration comme un détaillant. C’est tout à fait exagéré », se désole le propriétai­re. « Puis, nous avons l’obligation d’acheter à la SAQ. […] Mon voisin à 300 mètres de moi au sud, lui, achète directemen­t du fabricant. Il n’y a donc pas de majoration », déplore-t-il.

Par ailleurs, M. Bachand propose aussi à Ottawa de remettre en place le programme de remboursem­ent de taxes pour les visiteurs. Un incitatif qui attirait les gens dans son commerce.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? La pandémie a divisé par 50 le chiffre d’affaires de la boutique hors taxes de Philipsbur­g, en Montérégie. Ses heures d’ouverture ont été considérab­lement réduites. Les camionneur­s sont devenus sa principale clientèle.
PHOTO COURTOISIE La pandémie a divisé par 50 le chiffre d’affaires de la boutique hors taxes de Philipsbur­g, en Montérégie. Ses heures d’ouverture ont été considérab­lement réduites. Les camionneur­s sont devenus sa principale clientèle.
 ??  ?? PHILIPPE BACHAND
Propriétai­re
d’une boutique
hors taxes
PHILIPPE BACHAND Propriétai­re d’une boutique hors taxes

Newspapers in French

Newspapers from Canada