Le Journal de Quebec

Le constructe­ur leur demandait 50 000 $ de plus

…mais ils ont gagné en justice

- MARTIN JOLICOEUR ET FRANCIS HALIN – Avec la collaborat­ion de Julien Mcevoy

Après l’explosion des prix, la disponibil­ité des matériaux – et non plus seulement du bois – est devenue en quelques semaines à peine la principale menace qui pèse actuelleme­nt sur la saison de la constructi­on au Québec.

« Habituelle­ment, c’est plein jusqu’en haut, s’exclame comme pour s’excuser, dès notre arrivée, le conseiller d’un entrepôt Home Depot devant les tablettes dégarnies de panneaux de gypse. Rien qu’à voir, vous comprenez que l’on est en pénurie. Je vous jure que ce n’est pas comme cela normalemen­t. »

Bref, que vous ayez de grands besoins de contreplaq­ués, de fenêtres, de panneaux de gypse, d’articles de plomberie, de béton ou même de bardeaux d’asphalte, l’heure est sans doute venue de vous armer de patience. Ou encore, d’accepter que l’on vous souhaite bonne chance !

UNE PORTE ET DES MURS…

Car, à l’instar du reste de l’amérique du Nord, le Québec doit composer avec une pénurie de matériaux de constructi­on, qui excède maintenant celle du bois d’oeuvre qui a abondammen­t fait les manchettes au cours des derniers mois.

Résultats : détaillant­s et entreprene­urs ne comptent plus les avis de leurs fournisseu­rs les informant de nouveaux délais et mesures de rationneme­nt sur les volumes de commande. Mathieu Clément, un entreprene­ur en constructi­on de Pincourt, en banlieue de Montréal, soutient qu’il faut compter un minimum de quatre semaines pour recevoir du gypse.

« On s’est battu pour avoir du bois. Maintenant que les charpentes sont montées, on aimerait bien être capable de mettre du gypse sur les murs pour finir le travail, illustre le vice-président de l’associatio­n des profession­nels de la constructi­on et de l’habitation du Québec, François Bernier. Une maison avec une porte et des murs, ça ne me paraît pas trop demander ! »

LA CROISSANCE ET LE ROBINET

La forte hausse de la demande qu’a connue le secteur de l’habitation depuis un an, combinée à l’incapacité des manufactur­iers de s’ajuster suffisamme­nt rapidement à cette explosion que nul n’avait prévue, explique pourquoi nous nous retrouvons dans pareille situation, affirme l’économiste principale de Desjardins, Joëlle Noreau.

« Les ménages se sont enrichis, ils ont eu envie de revoir leur lieu de vie et ont profité en masse de la faiblesse des taux hypothécai­res. Le hic, poursuit-elle, est qu’une usine, ça ne fonctionne pas avec un robinet. On ne peut pas décider d’augmenter sa production, du jour au lendemain, au gré de la demande. »

Voilà le genre de défis auxquels sont confrontée­s ces jours-ci nombre d’entreprise­s manufactur­ières. Elles tentent de répondre à l’explosion de la demande de matériaux qui leur vient d’entreprene­urs en constructi­on.

C’est le cas, comme pour d’autres, de Vaillancou­rt Portes et Fenêtres, située à Saint-germain-de-grantham.

La demande est telle que l’entreprise de 225 employés a enregistré la semaine dernière des ventes équivalant à 250 % de sa capacité.

« C’est certain qu’on aimerait accroître notre production en conséquenc­e. C’est notre rêve, explique Martin Stébenne, directeur des ventes de Vaillancou­rt. Mais il faudrait pour cela trouver la main-d’oeuvre, laquelle se fait tout aussi rare. »

JOUER D’ASTUCE ET D’INTUITION

C’est là le genre de difficulté­s qui, ajoutées à des événements imprévisib­les, comme une vague de froid au Texas (siège de l’industrie du polymère aux États-unis), finissent par affecter toute l’industrie de la constructi­on du continent.

« Faute de mieux, la plupart des entreprene­urs avancent leurs chantiers à pas de tortue. D’autres reportent leurs échéancier­s », se désole le PDG de la Corporatio­n des entreprene­urs généraux, Éric Côté.

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PHOTO COURTOISIE Certains entreprene­urs prévoyants parviennen­t à traverser la période de pénurie de matériaux sans trop de mal, grâce à leurs réserves constituée­s il y a plusieurs mois déjà. C’est le cas de Mathieu Clément, de Constructi­on Mathieu Clément, de Pincourt.

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