Le Journal de Quebec

Quand l’homme devient bête

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

La nouvelle qui est tombée hier au sujet du producteur de télé Luc Wiseman a fait l’effet d’une bombe nucléaire dans le petit monde du showbiz.

Quoi ? Lui ?

Arrêté pour un crime aussi sordide ?

OUBLIER SA PROPRE HUMANITÉ

Je ne commentera­i pas cette histoire plus longuement.

Primo, parce que je n’en sais pas plus que vous.

Deuxio, parce que, même si ce n’est pas toujours facile à appliquer, tout accusé a droit à la présomptio­n d’innocence.

Laissons la justice suivre son cours, comme le dit l’expression courante.

Je voudrais plutôt parler des crimes sexuels en général.

Qui, si je me fie à l’actualité des dernières années, se déroulent à un rythme presque pandémique.

Et ce, dans tous les milieux (même si certains milieux sont plus sous les projecteur­s que d’autres).

Faut-il qu’une pulsion soit forte pour qu’un homme soit prêt à tout détruire pour quelques minutes de jouissance – la santé physique et psychologi­que (souvent même la vie) de sa victime, bien sûr, mais aussi sa carrière, sa réputation, tout ce qu’il a construit au fil des années, sans oublier l’impact des crimes qu’il s’apprête à commettre sur ses proches, ses amis, sa famille…

Que se passe-t-il dans la tête d’un homme pour qu’il accepte de tout foutre en l’air, comme ça ?

Qu’il en vienne même à oublier sa propre humanité ?

Il me semble que tu le sens quand tes plus bas instincts sont en train de prendre le dessus sur la meilleure part de toi-même, non ?

Tu le sens quand la vague monte et que tes digues commencent à se fissurer ?

Tu ne peux rien faire pour contrôler ça ? Pour arrêter la bête qui hurle en toi ?

C’est comme la légende du loup-garou ? La seule façon de t’empêcher de passer à l’acte est de t’enfermer, de te mettre hors d’état de nuire ?

L’HOMME EST UN ANIMAL ?

Ou alors, c’est que ces pervers-là s’en foutent.

Ils se disent que seul compte leur désir.

Que l’assouvisse­ment de leurs instincts est plus important que tout, plus important même que la vie des autres.

« Ce n’est pas ma faute, la nature m’a fait comme ça… »

C’est ce que disait Sade (cet écrivain tordu qui a donné son nom au « sadisme »). Que l’homme n’est pas responsabl­e de sa nature, que la nature a toujours raison et qu’il faut qu’il suive sa nature profonde, qu’importe l’endroit où elle nous mène, même si c’est en enfer…

Après tout, le bien et le mal n’existent pas dans la nature, disait Sade, tout n’est qu’affaire d’instinct ; il n’y a pas de bien ou de mal dans le fait qu’un tigre mange une gazelle, le prédateur ne fait que répondre à l’appel inscrit au plus profond de son être…

Commentun homme peut-il en venir à oublier toute compassion ?

NATURE VERSUS SOCIÉTÉ

Mais nous ne sommes pas des bêtes !

Nous sommes des êtres humains ! Capables de discerneme­nt, de compassion !

« L’homme naît bon, la société le corrompt », disait Jean-jacques Rousseau.

« L’homme est un animal qui ne pense qu’à laisser libre cours à ses pulsions, la société le civilise et l’amène à réprimer ses plus bas instincts », disait Freud.

Deux visions opposées de la nature humaine.

La première me rassure.

Mais je crains que la seconde soit plus réaliste.

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