Le Journal de Quebec

L’urgence sanitaire tout l’été

Le gouverneme­nt estime qu’il est trop tôt pour se départir de ses pouvoirs

- CHARLES LECAVALIER

L’urgence sanitaire sera maintenue au moins jusqu’à la fin août pour permettre aux policiers d’empêcher les rassemblem­ents illégaux et assurer le bon fonctionne­ment de l’opération vaccinatio­n.

Selon nos informatio­ns, le gouverneme­nt Legault ne souhaite pas se départir de cet outil qui lui confère de larges pouvoirs, notamment l’interdicti­on de rassemblem­ent dans les domiciles, l’imposition du port du masque au travail, ou d’élargir certains actes médicaux pour permettre à plusieurs profession­nels de participer à l’opération vaccinatio­n.

Mardi dernier, le ministre de la Santé Chrstian Dubé avait mis le feu aux poudres en déclarant que l’urgence sanitaire serait maintenue « tant que les convention­s collective­s ne seraient pas signées » avec les syndiqués du secteur public.

M. Dubé a affirmé par la suite qu’il s’était mal exprimé, et qu’il souhaitait surtout maintenir les primes COVID.

Mais s’il commence à réfléchir à une sortie de la gouvernanc­e par décrets liés à l’urgence sanitaire, ce ne sera pas pour bientôt.

FIN DE L’ÉTÉ

À la fin de l’été, lorsque 75 % des Québécois auront reçu leur deuxième dose de vaccin contre la Covid et que le système de palier de couleurs sera abandonné, il y aura alors une réflexion sur le retour à la normale, nous dit-on.

Québec voudra conserver certains éléments positifs « hérités » de la pandémie, comme la télémédeci­ne ou la justice à distance.

Mais ce qui a été décrété au début de la crise ne tiendra plus : cette fois-ci, il faudra négocier, notamment avec les syndicats de médecins.

On ne veut pas non plus abandonner le controvers­é « décret 007 » qui fait rager les syndicats et qui est contesté devant les tribunaux.

Celui-ci suspend l’applicatio­n des convention­s collective­s dans le réseau de la santé. Il permet notamment de changer les horaires de travail au bon vouloir du gestionnai­re. Une infirmière qui travaille de jour aux blocs opératoire­s peut se retrouver de nuit dans un CHSLD.

On fait valoir qu’il est utilisé avec parcimonie, et qu’il demeure nécessaire en cas d’éclosions par exemple.

DÉCRET CONTESTÉ

Mais à la Fédération interprofe­ssionnelle du Québec, le plus gros syndicat d’infirmière­s, on conteste fermement cette version. Pour la présidente Nancy Bédard, l’état d’urgence sanitaire est devenu un « prétexte » pour utiliser ce décret « autoritair­e et abusif » comme outil de gestion au jour le jour dans un réseau de la santé amoché par la pénurie de main-d’oeuvre.

Comme preuve de bonne foi, elle demande au gouverneme­nt d’abroger tout simplement ce décret qui, dit-elle, a été utilisé à certaines occasions dans des régions où il n’y avait pas de cas de COVID.

« Et de toute façon, le réseau de santé est habitué aux éclosions de gastro-entérite ou de maladies nosocomial­es, on n’a pas besoin de ce décret pour gérer des zones chaudes », dénonce-t-elle.

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