Le Journal de Quebec

Des délais excessifs hors de contrôle

- JULES RICHER

Les délais excessifs sont actuelleme­nt la plus grosse faille dans le système de discipline des juges au Canada, selon le professeur de droit Pierre Thibault, de l’université d’ottawa.

« Il n’existe pas de délais prévus aux différente­s étapes du processus d’enquête [sur les juges] », souligne-t-il, en entrevue.

Cette absence de balises fait en sorte que des cas peuvent s’étirer en longueur, comme ce fut le cas pour le juge Michel Girouard, qui a multiplié les recours pendant huit ans, tout en conservant son plein de salaire de plus de 300 000 $ par année alors qu’il ne siégeait pas.

Le professeur Thibault est loin d’être le seul à déplorer la situation. Ouvertemen­t troublé par l’affaire, le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, responsabl­e des juges de nomination fédérale, n’avait pas hésité à qualifier le cas du juge Girouard de « dérapage », en exigeant des changement­s législatif­s à l’encadremen­t des magistrats de la part du gouverneme­nt Trudeau.

RÉPONSE RAPIDE

Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a promis de répondre à cette demande le plus rapidement possible.

Mais le professeur Thibault va plus loin.

À son avis, il faudrait suspendre l’accumulati­on des années de service pour l’obtention de la pension durant la tenue d’une enquête sur un juge.

« Si le juge est blanchi, l’accumulati­on des mois et des années de service serait restaurée de façon rétroactiv­e, dit-il. Je crois que ça facilitera­it le respect des délais. »

Rappelons que le juge Girouard, grâce aux retards accumulés dans la gestion de son cas, a pu obtenir une pension de retraite de 155 000 $ à vie, malgré le fait qu’il n’ait siégé que deux ans comme magistrat. Les procédures dans ce dossier ont coûté plus de 5 millions $ à l’état.

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Professeur
PIERRE THIBAULT Professeur

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