La BBC sous pression... près de 26 ans plus tard
Une entrevue avec la princesse Diana est en cause
LONDRES | (AFP) Visée par de virulentes critiques de la famille royale, la BBC était en crise hier pour son entrevue-choc avec la princesse Diana en 1995 et sous pression pour réparer une réputation déjà abîmée.
Sans précédent, les attaques des fils de Lady Di ont fusé après la publication d’un rapport indépendant jeudi. L’ancien juge de la Cour suprême John Dyson y étrille le journaliste Martin Bashir, 58 ans, qui a récemment démissionné de la BBC pour raisons de santé, pour avoir recouru à de faux documents afin de faciliter l’obtention de l’entretien.
Il y pointe aussi du doigt la direction du groupe audiovisuel public, qui s’est excusé pour sa gestion de l’affaire et sa volonté de l’enterrer.
UN MARIAGE À TROIS
L’entrevue, regardée par 23 millions de téléspectateurs rien qu’au Royaume-uni, avait fait l’effet d’une bombe : la princesse y avait notamment affirmé qu’il y avait « trois personnes » dans son mariage – en référence à la relation que Charles entretenait avec Camilla Parker Bowles – et reconnaissait entretenir elle-même une liaison.
Ces confidences avaient conduit au divorce de Charles et Diana, morte moins de deux ans plus tard à Paris dans un accident de voiture alors qu’elle était pourchassée par des paparazzis.
« C’est infiniment triste de savoir à quel point les manquements de la BBC auront alimenté les peurs, la paranoïa et la solitude des dernières années que j’ai passées avec elle », a dénoncé le fils aîné de Diana, le prince William, deuxième dans l’ordre de succession au trône britannique.
Cette entrevue de l’émission d’investigation Panorama, qui a selon lui aussi contribué à détériorer davantage la relation entre ses parents, n’a « plus aucune légitimité et ne devrait plus jamais être rediffusée », a-t-il estimé.
Son cadet, le prince Harry, est allé jusqu’à dresser un lien entre la mort de sa mère et « l’effet d’entraînement de cette culture d’exploitation et des pratiques contraires à toute éthique ».
Près de 26 ans après la diffusion de l’émission, c’est une crise majeure pour le mastodonte de l’audiovisuel, dont la réputation de rigueur journalistique et d’indépendance est régulièrement écornée au Royaume-uni par des accusations de partialité, comme lors de la couverture du Brexit, ou d’élitisme londonien.
« J’espère que la BBC prendra toutes les mesures possibles pour garantir qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais », a déclaré le premier ministre Boris Johnson.