Le Québec doit jouer dans la cour des grands
Quelle fierté que ce nouveau privilège d’aller dans la « cour des grands », réservée au dernier niveau de mon école secondaire ! C’était en 1988. Depuis des décennies, les finissants revendiquent de se voir reconnaître la maturité certaine qui les propulsera vers le monde adulte. La pandémie aura freiné certains rites de passage en 2020-2021, mais la nature humaine nous pousse à rechercher cette émancipation, pour devenir des citoyens à part entière.
Nos enfants ont l’art inné de la négociation et du compromis. C’est une caractéristique intrinsèque à notre nature. Quoi de plus normal que de tenter de convaincre une autre personne de nous écouter, de considérer nos intérêts, des alternatives ou des options qui nous semblent favorables ? C’est la plus simple définition du lobbyisme que je puisse vous proposer.
Le lobbyisme, lorsque transparent, n’a rien à voir avec la collusion ou la corruption. C’est une simple activité de communication humaine. J’insiste : bien encadré, le lobbyisme constitue un apport fondamental à notre démocratie.
Quel rapport avec la cour des grands ? Simplement ceci : il est temps de passer à autre chose et d’atteindre notre pleine maturité en matière d’encadrement du lobbyisme.
Cette semaine, l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a produit son dernier rapport sur le sujet. On y cite explicitement le Québec et les efforts du Commissaire au lobbyisme pour moderniser son cadre législatif.
TRANSPARENCE
Le rapport reprend l’aspect le plus fondamental de notre Énoncé de principes, déposé à l’assemblée nationale en 2019 : il est temps d’arrêter de se concentrer sur les individus qui font des activités de lobbyisme et d’évoluer vers un encadrement fondé sur la pertinence des communications d’influence. Il faut en finir avec ces étiquettes nocives et se concentrer sur le véritable objectif de l’encadrement du lobbyisme : la TRANSPARENCE.
Le Québec a régulièrement ce courage de se remettre en question. C’est dans cet esprit que nous avons conclu un partenariat avec L’OCDE afin d’évaluer et comparer notre régime d’encadrement aux meilleures pratiques en la matière.
Les recommandations qui en découleront permettront d’approfondir la réflexion sur le renforcement d’une culture de transparence et d’intégrité pour toutes les parties prenantes.
Il est évident que le registre des lobbyistes avait besoin d’être remis au goût du jour. Mais aussi efficace pourra-t-il être, si nous attendons encore cinq ans pour nous questionner sur ce qui doit vraiment être divulgué, nous serons relégués en queue de peloton.
Chez nous, le débat sur l’encadrement du lobbyisme a subi depuis des années une polarisation émotive (entre le lobbyisme « noble » et « mercantile »). Cela a occulté les bénéfices de la transparence, tout en refroidissant les élus. Mais la définition même de lobbyisme ne fait aucune distinction entre les « bons » et les « méchants » lobbyistes. Elle commande la transparence. Point.
SE POSITIONNER COMME LEADER
Je suis bien conscient que le lobbyisme ne suscite pas un sentiment d’urgence. Et j’admets qu’après 14 mois de pandémie, il y a des priorités plus grandes. Mais je crois que l’inertie n’est pas une option et qu’il faut profiter de cette opportunité de collaboration avec L’OCDE.
Je suis convaincu que nous avons une occasion unique de faire du Québec l’une des juridictions les plus innovantes sur l’encadrement du lobbyisme. Nous avons la capacité de nous positionner comme un leader sur la scène canadienne et internationale et, comme nos finissants du secondaire, nous avons le droit, mais surtout le devoir, de revendiquer notre place dans la cour des grands.