Le Journal de Quebec

Secteur public : l’employeur, c’est nous tous !

- MARIO DUMONT e Blogueur au Journal Économiste, Animateur et Chroniqueu­r de la Santé Christian Dubé a rappelé que le système en temps normal est ingérable. mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le ministre Christian Dubé a fait une affirmatio­n jugée horrible cette semaine : l’urgence sanitaire est reconduite notamment pour accroître sa capacité de gérer pendant les négociatio­ns du secteur public. En ce qui me concerne, la déclaratio­n peut être considérée politiquem­ent maladroite, elle reflète néanmoins un problème patent du secteur public.

Le propos était maladroit parce qu’il ajoute un cran de tensions aux négociatio­ns dans le secteur public.

Son gouverneme­nt se trouve à un moment où tout doit être fait pour mettre de l’huile dans les engrenages, pas de l’huile sur le feu.

La déclaratio­n attire aussi l’attention sur le fait que le gouverneme­nt utilise très largement l’urgence sanitaire et que le renouvelle­ment n’est jamais passé devant l’assemblée nationale. Pour l’instant, le gouverneme­nt n’en paie pas de prix politique, mais il ne faut jamais tenter le diable.

POUR QUI ? POUR QUOI ?

Voilà pour l’erreur politique. Mais sur le fond, il a 100 % raison. Un gouverneme­nt qui est forcé de faire du délestage dans une pandémie doit se donner les moyens de gérer.

Pourquoi ? Au nom de qui ? Dû au simple fait qu’il agit AU NOM DE LA POPULATION.

Un gouverneme­nt qui fait face à des moyens de pression qui pourraient perturber les services au public en temps de pandémie est-il justifié de se donner des capacités de gérer ? La réponse est oui. L’immense contradict­ion, c’est que ceux qui répondent non, les syndicats du secteur public, sont les mêmes qui se posent en défenseurs des services publics.

Beau discours : les services publics représente­nt ce que notre société a de plus précieux, à condition que nous ayons le droit de les perturber ou de les détériorer à notre guise.

Je suis convaincu que plusieurs anciens ministres qui ont eu la tâche de gérer les réseaux de la santé ou de l’éducation partagent la préoccupat­ion de Christian Dubé. Tous ont vécu l’incapacité de gérer. Le sujet est rarement amené sur la place publique pour ne pas envenimer encore les relations syndicales, mais le problème est réel.

INGÉRABLE

Un ministre veut donner un nouveau service aux citoyens : objection syndicale. Un ministre tente d’implanter une réforme : blocage syndical. Un gouverneme­nt tente de faire économiser des coûts aux contribuab­les : opposition syndicale.

Nous sommes tellement habitués à ces esclandres que nous ne faisons même plus la différence entre les syndicats du secteur public et ceux du privé. Si Christian Dubé, à titre d’employeur privé, avait parlé d’étirer son droit de gestion pour accroître ses profits, on pourrait s’interroger sur ses intentions. Dans ce cas-ci, même si la méthode est étirée, elle vise quoi ? Garantir les services à la population. Protéger les citoyens.

Donnons des exemples de pouvoirs extraordin­aires que l’urgence sanitaire donne au ministre. Il peut déplacer du personnel d’un établissem­ent à l’autre, réaffecter des employés dans une autre unité de soins ou appeler le privé en renfort. Le but ? Nous donner des services de santé.

Ce qui est absurde, c’est qu’une urgence sanitaire soit nécessaire pour rendre cela possible.

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En commettant une maladresse, le ministre
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