Le Journal de Quebec

Le projet de constructi­on d’une école près d’une carrière irrite

Lafarge fait tout pour éviter d’avoir une foule d’élèves près de ses installati­ons

- FRANCIS HALIN

« ON EST EN MANQUE D’ÉCOLES. ON CONSTRUIT DES ÉCOLES PARTOUT. IL FAUT LES ENVOYER QUELQUE PART CES ENFANTS-LÀ »

– Luis Miranda

Le cimentier Lafarge a entrepris une vaste opération de lobbying pour convaincre le premier ministre d’empêcher la constructi­on d’une école près de sa carrière d’anjou, a appris Le Journal.

« Je trouve ça assez particulie­r que Lafarge vienne se mêler d’un dossier comme ça », soupire Luis Miranda, maire de l’arrondisse­ment d’anjou.

Comme à plusieurs endroits au Québec, la constructi­on d’un nouvel établissem­ent scolaire à Anjou est cruciale pour sa vitalité urbaine.

« On parle d’une école secondaire de deux mille et quelques élèves pour Anjou. Ce n’est pas une école régionale, c’est pour Anjou », souligne son maire.

Irrité, Luis Miranda saisit mal pourquoi Lafarge tente d’intervenir dans ce dossier alors que l’on parle « d’une école secondaire sur le site de la ville ».

Chez Lafarge, détenu par le géant mondial Lafargehol­cim, qui vaut plus de 43 milliards $ en bourse, l’école est un caillou dans la chaussure. Au point où le groupe a entrepris une vaste compagne de lobbying pour sensibilis­er Québec aux enjeux de sécurité liés au projet.

Lafargehol­cim a déjà eu parmi ses administra­teurs le président de Power Corporatio­n, Paul Desmarais Jr. La société Groupe Bruxelles Lambert (GBL), détenue en partie par Power Corporatio­n, est actionnair­e de Lafargehol­cim.

SIX CHARGES VISÉES

Début mai, le lobbyiste ontarien Rene Drolet a ajouté un mandat au Registre des lobbyistes « pour convaincre le Gouverneme­nt du Québec de choisir un autre site pour l’implantati­on de cette école ».

Au total, six charges publiques sont visées, dont le ministère du Conseil exécutif, comprenant le premier ministre François Legault. Aucune rencontre n’avait cependant eu lieu en date de jeudi dernier, a confirmé son cabinet.

Or, même si l’inscriptio­n écrit noir sur blanc que Lafarge veut convaincre le gouverneme­nt Legault d’opter pour un autre site pour l’école, le cimentier s’est empressé de nuancer son intention en entrevue au Journal.

« On n’est pas contre ce site », a précisé lors d’un entretien Jessica Assaf, responsabl­e des communicat­ions d’entreprise de Lafarge Canada. « On est craintif pour les jeunes. Depuis le début de la pandémie, il y a eu une augmentati­on d’intrusions sans permission », a-t-elle affirmé.

CAMIONS, BRUIT, POUSSIÈRE...

D’après Lafarge, une nouvelle école pourrait faire bondir la possibilit­é d’intrusions sur son site en activité, où circulent jusqu’à 2000 camions par jour.

« On a aussi une préoccupat­ion par rapport au bruit et à la poussière. Notre carrière est en opération à l’année longue. On a un volume d’équipement­s lourds super important qui passe sur le site », ajoute Jessica Assaf.

Pire encore, le cimentier craint qu’une falaise de 10 mètres de haut soit un danger pour ceux qui s’y aventurent sans autorisati­on.

« On fait de l’extraction de granulat depuis plus d’un siècle. On est là pour encore 50 ans minimum », a conclu Jessica Assaf, en disant vouloir trouver une solution qui convienne à tout le monde.

- Avec Annabelle Blais et

Pascal Dugas Bourdon

Le ministère de l’éducation du Québec (MEQ) a confirmé avoir reçu une communicat­ion de la cimenterie Lafarge, le 26 avril dernier, soulevant des enjeux de sécurité avec l’arrivée d’une école.

 ?? PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET COURTOISIE ?? L’accès à la carrière de Lafarge à Montréal-est. En mortaise, le maire d’anjou, Luis Miranda.
PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET COURTOISIE L’accès à la carrière de Lafarge à Montréal-est. En mortaise, le maire d’anjou, Luis Miranda.
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