Sa plus grosse victoire en carrière
Serge Bernier gère maintenant son entreprise familiale au Club de golf Vaudreuil
Serge Bernier a toujours souhaité remporter un grand tournoi dans sa carrière professionnelle. La vie lui a réservé une autre surprise : l’acquisition d’un parcours de golf à l’âge de 64 ans.
Confiant en plein processus d’achat du parcours cet hiver, son frère cadet Gaétan lui a rappelé qu’il s’apprêtait à remporter sa plus grande victoire en carrière.
Ce n’est pas rien. Durant des décennies, Bernier s’est tiraillé avec les meilleurs pros du Québec. Face aux Talbot, Lamarre, Beauchemin, Thivierge et compagnie, il ne parvenait pas à prendre l’ascendant. C’est une psychologue sportive qui lui a ouvert les yeux à l’époque. Il ne pouvait, à la fois, gérer une entreprise et connaître du succès sur un circuit professionnel. C’était l’un ou l’autre. Il a fait son deuil en accomplissant ce qu’il faisait de mieux : gérer son club.
Depuis la fin du mois d’avril, l’homme flotte sur un nuage. Avec le soutien inconditionnel de sa famille, il est officiellement l’unique actionnaire du Club de golf du chemin Saint-antoine, où il travaille depuis 1983.
C’est l’aboutissement de plusieurs années de réflexion. Bernier avait fréquemment refusé des propositions d’achat de ses quatre partenaires d’affaires. Jusqu’à 2020, il détenait 14,33 % des actions du club semi-privé comptant environ 140 membres.
PLUSIEURS REFUS
Occupant plusieurs fonctions depuis quatre décennies, il a finalement décidé de passer à l’acte après l’excellente saison 2020.
« Mes partenaires à la retraite voulaient se retirer depuis environ trois ans. Ils cherchaient des acheteurs et m’avaient fait des offres. Mais je n’étais pas intéressé en raison du prix élevé », a raconté Bernier en entrevue avec Le Journal.
Depuis une douzaine d’années, le nombre de rondes annuelles avait passablement diminué. Les années records de plus de 32 000 rondes étaient bien loin dans les livres administratifs. On y jouait environ 22 000 rondes, en moyenne, depuis 2008. Une donnée qui concorde avec le creux de vague de l’industrie.
« Il y a deux ans, ils m’ont fait une nouvelle offre. Encore là, j’ai refusé. Je voulais dormir la nuit », a-t-il expliqué.
Titillé par l’agressivité des promoteurs immobiliers s’intéressant aux divers parcours dans la province, il s’est mis à réfléchir.
Il ne voulait surtout pas laisser passer l’occasion ou travailler sous les ordres d’un nouveau propriétaire. Ce club de golf, dont le roulement est bien huilé, représente sa deuxième demeure.
Passionné par son métier et son sport, il n’était pas prêt à la retraite.
« En janvier 2020, juste avant la pandémie, ils m’en ont fait une nouvelle. Une meilleure, car ils voulaient que le club reste ouvert. Ç’a été le début d’une bonne négociation. »
ENTREPRISE FAMILIALE
Après une saison record en 2020, malgré la perte de six semaines de jeu (la saison avait débuté le 20 mai au Québec), l’homme d’affaires est revenu à la charge à l’automne avec une contre-offre que ses partenaires ont finalement acceptée.
« Ç’a été extraordinaire. C’est un bon pacte. On m’a dit que je recevais un cadeau, a exprimé avec gratitude l’homme qui vient d’entamer sa 39e saison à Vaudreuil. Je suis très reconnaissant d’avoir travaillé avec d’aussi bons partenaires. Et je suis heureux d’avoir reçu le soutien de ma famille dans ce grand projet. »
Il en a aussitôt fait une entreprise familiale, bien que sa conjointe, Manon, et ses enfants âgés d’une vingtaine d’années, Marilou et Charles, fussent déjà bien impliqués dans les activités quotidiennes du club.
Le sexagénaire en fait une fierté, car il a certainement l’intention de leur confier les rênes à sa retraite.
Pour rien au monde il ne modifierait son histoire. Elle vaut beaucoup plus qu’une grande victoire en tournoi professionnel.