Le modèle d’objectivité des anglophones MARTINEAU
L’autre jour, lors d’une entrevue sur le « méchant » projet de loi 96 à la station de radio CJAD, le millionnaire montréalais Mitch Garber (que l’animateur Aaron Rand a présenté comme un « anglophone qui a une grande influence auprès des francophones ») a dit que les pages « Opinions » du Journal
de Montréal et du Journal de Québec étaient des « outils de propagande » pour la souveraineté.
COGNER « OBJECTIVEMENT » SUR LE QUÉBEC
Vous voulez dire, monsieur Garber, que Mathieu Bock-côté, Joseph Facal et moi devrions nous garder une petite gêne, au lieu de « claironner » nos convictions indépendantistes ?
Que nous devrions faire preuve de retenue, comme les chroniqueurs du Montreal
Gazette qui, eux, sont des modèles d’objectivité et de sagesse – tellement que même les lecteurs les plus avisés et les plus clairvoyants ne peuvent dire, après avoir passé leurs textes à la loupe, s’ils sont séparatistes ou fédéralistes ?
Vous voudriez que nous soyons plus neutres, plus posés – comme Don Macpherson, par exemple, qui, le 18 décembre 2020, écrivait que l’existence même d’une communauté anglophone au Québec était considérée comme un problème pour « l’élite politique, médiatique et culturelle du Québec » ?
Ou l’équipe éditoriale du
Montreal Gazette qui affirmait, le 30 avril dernier, que le gouvernement Legault « manifestait un terrible manque de sensibilité envers les minorités et leurs droits » ?
C’est ça, votre vision de l’objectivité, monsieur Garber ?
Répéter ad nauseam que le Québec est fermé, xénophobe, intolérant ?
C’est ça, pour vous, se garder un devoir de réserve ?
ROBERT LIBMAN, UN MODÈLE !
Vous aimeriez, monsieur
Garber, que les quelques chroniqueurs ouvertement souverainistes du Journal mettent de côté leurs convictions politiques et respectent plus les faits ?
À l’image du très réservé et très flegmatique Robert Libman qui, dans un texte publié dans le Montreal Gazette samedi dernier, écrivait – le plus sérieusement du monde – que le fait d’inclure dans la Constitution canadienne que le Québec était une nation francophone « pourrait permettre au gouvernement Legault de se foutre des droits des minorités linguistiques » et même d’interdire aux Anglo-québécois « le droit d’être éduqués dans leur langue » ?
Alors que ce même gouvernement qu’il tentait de dépeindre comme menaçant et inquiétant venait tout juste de prouver qu’il était au contraire modéré, en refusant d’appliquer la loi 101 aux cégeps anglophones, une décision qui lui a valu un flot de critiques de la part des plus ardents défenseurs du français ?
ON ÉTOUFFE LES ANGLOS !
Il fallait entendre Mitch Garber et Aaron Rand parler du projet de loi 96 à CJAD, c’était surréaliste !
On aurait dit que le gouvernement Legault venait d’adopter un projet de loi brutal qui faisait passer la loi 101 pour une loi prudente, faiblarde, timorée !
« Ce n’est pas au gouvernement de dire qui est anglophone et qui ne l’est pas ! » tonnait l’animateur, en réaction au projet de loi qui veut plafonner le nombre d’allophones dans les cégeps anglais.
« On veut couper l’oxygène à la communauté anglophone, c’est ça qu’on veut faire ! »
Euh… non, monsieur Rand. Nous voulons juste nous assurer que les dizaines de milliers d’immigrants que nous recevons généreusement chaque année s’intègrent à la majorité.
Pour leur bien et le nôtre. Mais il semble que même ça, c’est trop, pour vous.