Le Journal de Quebec

Nos anglos, cette minorité martyre (2)

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Les commentate­urs politiques du Canada anglais sont très fâchés contre le Québec depuis le dévoilemen­t de la réforme linguistiq­ue du gouverneme­nt Legault.

Beaucoup y voient, ne riez pas, une autre attaque contre notre pôôôvre minorité anglophone opprimée.

On vient de porter à ma connaissan­ce un document fort intéressan­t.

La situation de la minorité anglophone du Québec est un excellent exemple de protection des droits d’une minorité linguistiq­ue

DEUX POIDS

Les députés fédéraux du Canada entretienn­ent depuis longtemps des rapports cordiaux avec les députés du Parlement européen.

Pour solidifier ces liens, le Parlement canadien demanda, au milieu des années 1990, un statut d’observateu­r au Conseil de l’europe.

Pour statuer sur cette demande, les élus européens devaient notamment examiner comment le Canada traitait ses minorités linguistiq­ues. Ils viennent donc nous visiter. Puis, dans leur rapport d’avril 1997, les parlementa­ires européens écrivent noir sur blanc, au paragraphe 30 : « La situation de la minorité anglophone du Québec est un excellent exemple de protection des droits d’une minorité linguistiq­ue ».

Et c’était en 1997, bien avant que s’amorcent les longues années de laisser-aller linguistiq­ue absolu sous Jean Charest et Philippe Couillard.

Prenez maintenant n’importe quel rapport du commissair­e fédéral aux langues officielle­s.

Invariable­ment, dès qu’il est question des minorités francophon­es du reste du Canada, les mêmes constats reviennent, année après année, prévisible­s comme la neige en hiver.

Dans le dernier, daté de septembre 2020, ii est question de la désuétude de la loi fédérale, du fait qu’ottawa ne l’applique même pas, de l’incapacité d’avoir accès à des services en français, de l’unilinguis­me dans les aéroports et aux frontières, du retour à l’étiquetage uniquement en anglais, de la hausse de plaintes qui ne changent rien, etc.

On ne s’en émeut pas trop au Canada anglais, où il est interdit de prononcer le mot en « A » : assimilati­on.

Pendant ce temps, si vous voulez brailler sur le sort de nos pôôôvres anglophone­s, la « désolante » situation des université­s anglophone­s du Québec, documentée par le chercheur Frédéric Lacroix, vous fournira amplement de matière.

Pour la période 2001-2020, elles ont reçu 3,7 fois plus d’argent que le poids démographi­que des anglophone­s de langue maternelle.

À elle seule, Mcgill obtient 33 % du financemen­t versé par Ottawa aux université­s québécoise­s.

Comme l’argent n’est pas élastique, le surfinance­ment des uns implique forcément le sous-financemen­t des autres.

SYSTÉMIQUE ?

Quand Philippe Couillard a autorisé nos université­s à exiger les droits de scolarité qu’elles veulent aux étudiants internatio­naux, qui en a profité le plus, selon vous ?

En 2018-2019, les université­s anglophone­s accaparaie­nt 65 % des sommes versées par les étudiants étrangers.

Quatre-vingt-dix pour cent des revenus de l’université du Québec proviennen­t du gouverneme­nt du Québec et des étudiants.

Moins de 50 % du budget de Mcgill, qui a des revenus annuels de 1,44 milliard et des biens évalués à 4,9 milliards, provient de ces deux sources.

Mais son empire immobilier n’était sans doute pas encore assez impression­nant puisque le gouverneme­nt Legault s’apprête à lui faire cadeau de l’ancien hôpital Royal Victoria.

On dirait presque une discrimina­tion « systémique », mais de celle-là, il ne faut surtout pas parler.

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L’université Mcgill
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