Coderre amorce la course en tête
La mairesse Valérie Plante est devancée de 12 points par celui qu’elle a battu aux dernières élections
À un peu plus de cinq mois des élections municipales à Montréal, Denis Coderre est en tête par 12 points, une avance confortable, mais loin d’être insurmontable pour Valérie Plante.
« Près de la moitié des électeurs sont encore indécis. Il est encore trop tôt pour que M. Coderre puisse dire qu’il est dans le siège du conducteur », observe Christian Bourque, le vice-président de la firme Léger qui a mené ce plus récent coup de sonde.
On y apprend entre autres que celui qui a été maire de 2013 à 2017 est perçu comme le candidat de l’économie à l’heure de la relance et du déconfinement.
Valérie Plante, elle, est plutôt associée à la qualité de vie et au transport en commun.
« Elle est très cantonnée dans le social. Pour remonter la pente, elle doit absolument arriver avec un projet économique solide. Mais en ce moment, dans son équipe, je ne vois personne qui peut incarner ça », fait remarquer Danielle Pilette, professeure en gestion municipale à L’UQAM.
Mme Pilette est aussi critique du début de campagne de Denis Coderre, qui a dû s’expliquer après avoir pris la pose avec deux rappeurs au dossier criminel bien garni. Quelques jours plus tôt, il avait été contraint d’expulser de son équipe le boxeur Ali Nestor à la suite d’allégations de voies de fait et d’agressions sexuelles.
« M. Coderre cherche à s’associer avec des gens qui ont une notoriété auprès des jeunes, mais ça lui a plutôt causé des problèmes jusqu’ici. Il ne faudrait pas que les casseroles s’accumulent dans les prochains mois », analyse la professeure de L’UQAM.
RETARD AUPRÈS DES JEUNES
Il faut dire que l’ancien ministre fédéral accuse un retard considérable sur Valérie Plante auprès des jeunes électeurs, alors que c’est complètement l’inverse pour les plus âgés.
« Il y a aussi un clivage géographique très fort dans cette élection, note Christian Bourque. Valérie Plante est la candidate des quartiers centraux, où les gens sont souvent des locataires. Denis Coderre, lui, est le candidat de la périphérie, des propriétaires. »
C’est ce qui fait dire au sondeur que la mairesse devra redoubler d’ardeur pour faire sortir son vote le 7 novembre prochain, comme les jeunes et les locataires ont l’habitude de bouder les élections municipales.
BROUILLER LES CARTES
Valérie Plante risque cependant d’être avantagée si un troisième candidat très connu vient à faire son entrée dans la course. Plutôt que de se rabattre naturellement sur Denis Coderre, les 60 % de Montréalais qui espèrent un changement à la mairie pourraient alors se fragmenter, avance Danielle Pilette.
« Il y a quand même presque 20 % des gens qui seraient prêts à voter pour un troisième candidat, poursuit Christian Bourque. Mais comme les deux autres candidats bénéficient d’une grande notoriété, il faudrait que ce soit quelqu’un de déjà connu. »