Délire olympique
Le décompte est lancé.
Dans 60 jours, tous les regards de la planète seront tournés vers Tokyo.
La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2020, un an plus tard, sera décrite comme une fête historique pour tourner la page sur la pandémie.
Les médias de la terre regorgeront de parallèles entre la résilience de l’humanité face à la COVID-19 et celle de ces athlètes extraordinaires.
La fable sera touchante, inspirante même.
Et pourtant elle incarnera davantage tout ce qui cloche avec le mouvement olympique.
ENVERS ET CONTRE TOUT
Tokyo est sous état d’urgence. L’association des médecins de Tokyo qui regroupe 6000 membres a formellement demandé l’annulation des Jeux, craignant une hausse des cas et des décès, voire un effondrement du système de santé.
Et pourtant, pas question de reculer. Le Comité international olympique maintient que les Jeux seront « sains et sécuritaires ».
On promet 10 000 spécialistes de la santé en renfort. Que ces professionnels soient déjà épuisés par un an et demi de pandémie semble secondaire.
Les 10 000 athlètes seront testés quotidiennement.
On voudra nous faire croire que c’est pour célébrer les trois valeurs olympiques du respect, de l’excellence et de l’amitié.
Mais l’amitié ne serait-elle pas mieux exemplifiée si les dizaines de milliers de tests et ressources médicales nécessaires à la sécurité des Jeux étaient réacheminés vers l’inde ou tout pays en développement en manque d’équipement ?
Le respect ne devrait-il pas inclure à tout le moins la volonté des Japonais, dont 60 % à 80 % sont contre la tenue des JO ?
L’excellence n’implique-t-elle pas d’écouter la science qui met en garde contre les grands rassemblements, surtout alors qu’une très faible proportion des Japonais sont pleinement vaccinés?
Mais non, de nos jours les dirigeants du mouvement olympique pensent avant tout à leur marque de commerce, aux milliards qui y sont associés.
Ils viennent encore de le démontrer.