Le Journal de Quebec

Il faut cultiver l’art de se mêler de ses affaires

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Je voudrais dénoncer les propos tenus par celle qui signait « Grand-mère poule », qui se plaignait que sa fille s’était séparée de son mari sans prendre le temps de l’en avertir. Que fait-elle quand elle apprend la chose via son fils et sa belle-fille ? Sans réfléchir, elle appelle sa fille pour en savoir plus. Et que fait sa fille en réponse ? Elle lui fait savoir qu’elle n’a pas besoin des remontranc­es de sa mère pour gouverner sa vie, qu’elle sait très bien ce qu’elle fait, et qu’elle appréciera­it qu’elle se mêle de ses affaires si elle désire maintenir un contact avec elle.

Comment peut-elle s’étonner d’une telle réaction, si effectivem­ent elle s’est adressée à elle dans des mots qui ressembler­aient à des condamnati­ons du genre « Tu ne devrais pas te séparer ! Ça ne se fait pas ! Pense à tes enfants et à ta réputation ! Et ainsi de suite… »

Une mère n’a pas à se mêler des affaires intimes de sa fille.

Elle n’a surtout pas à poser de jugements de valeur si elle veut maintenir une saine relation. À titre d’exemple de ce que je veux dire, quand je me suis séparée, ma mère m’a simplement dit « Je suis désolée que ta relation se termine, je suis là pour t’écouter si tu as envie d’en parler, tout comme je peux t’aider à prendre soin des enfants si ça peut te donner un répit ».

Dans tous les cas de ce genre, les parents doivent toujours montrer qu’ils sont du côté de leur enfant et ne pas ajouter au chagrin déjà immense qu’il vit, y compris quand c’est lui qui a décidé de se séparer.

Annabelle L.

Votre commentair­e est justifié. Malheureus­ement, certains parents considèren­t encore avoir autorité sur leurs enfants même quand ces derniers sont majeurs. Développer l’art de se mêler uniquement de ce qui nous regarde est à mes yeux une nécessité pour faire régner la paix.

La mode a toujours représenté un mystère pour moi. Quand un vêtement te va bien, tu as du plaisir à le porter, et c’est ça qui devrait compter. Ça n’a rien à voir avec le désir de séduire. Dans ma jeunesse, quand j’en avais les moyens, je portais de beaux vêtements et je me payais d’excellents vins, pour mon plaisir personnel.

Dans mon esprit, tout cela faisait partie de ma culture, au même titre que les livres que je lisais. Et je suis content de l’avoir fait, même si parfois certaines dépenses que je faisais semblaient exagérées aux yeux des autres.

Je ne suis quand même pas réfractair­e aux modes. Mais il y en a une qui ne me revient pas : celle du tatouage. Je pense ici aux individus qui se donnent des allures de Popeye. Que se passe-t-il avec tous ces jeunes qui, probableme­nt pour se distinguer des autres, accumulent les signes normalemen­t destinés aux individus tribalisés en se faisant tatouer par tout le corps ? Quand on est jeune, beau et en santé, on n’a pas besoin de ça pour se faire remarquer. Et ne me dites pas que je pose ici un jugement de valeur sur quelque chose que je ne comprends pas, car dans le fond, je ne fais qu’exprimer un sentiment de pitié nourri par l’incompréhe­nsion. À moins que le tatouage soit l’incarnatio­n d’une souffrance qu’ils cherchent à exorciser via une expression essentiell­ement pathétique dans sa réalisatio­n.

Anonyme

Même si vous refusez de l’admettre, vous posez là un jugement de valeur. Ce n’est pas parce que le goût de quelqu’un d’autre ne rejoint pas le nôtre qu’il est mauvais pour autant. Un tatouage, ça fait partie de l’habillemen­t, et certains en ont besoin pour se sentir bien, comme vous jadis avec certains vêtements.

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LOUISE DESCHÂTELE­T T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

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