Le Journal de Quebec

Valois-fortier parie sur l’expérience

Le Québécois, qui n’a participé qu’à trois compétitio­ns depuis 2020, est convaincu qu’il se démarquera à Tokyo

- JULIE ROY

Le judoka Antoine Valois

Fortier n’a participé qu’à trois compétitio­ns depuis le début de l’année 2020. C’est bien peu pour se préparer aux Jeux olympiques. Pourtant, le Beauportoi­s de 31 ans est convaincu qu’il pourra s’illustrer cet été, à Tokyo.

« C’est beaucoup moins qu’à l’habitude et c’est clairement très inhabituel », a concédé Valois-fortier, rencontré en pleine séance avec son préparateu­r physique Fayez Abdulrahma­n, à la fin avril.

« Mais je suis quand même expériment­é ; ça fait 12-13 ans que je suis sur le circuit. Ça va être important de laisser parler mon expérience. Et plus important que les combats et les compétitio­ns, ce sera d’arriver en santé. D’où le choix de faire moins de compétitio­ns. »

Alors qu’il se remet d’une blessure aux côtes subie lors du Grand Chelem de Tbilissi à la fin mars, Valois-fortier a choisi de renoncer aux Mondiaux. Même si la blessure guérit bien, le Québécois a opté pour une autre stratégie.

« C’est surtout une question de gestion de risques. Voyager en temps de pandémie, la quarantain­e… On a eu des cas de COVID au dernier voyage dans l’équipe et ça ne m’a pas donné le goût trop, trop. C’est un mélange de tout ça. Je me suis dit que j’allais faire un bon bloc de préparatio­n à la maison, m’assurer d’être en santé, et après, c’est le big show. »

« J’ai déjà vécu des longues remises en forme, des moments sans compétitio­n et sans entraîneme­nt et je suis bien revenu. J’ai confiance de pouvoir le refaire. »

LES JEUX

Après avoir vécu le report des JO, les contrainte­s qui ont empêché l’équipe canadienne de judo de s’entraîner pendant un bon moment au Québec, les quarantain­es, les bulles sanitaires, la blessure, Valois-fortier reste confiant de pouvoir participer à ses troisièmes Jeux olympiques en carrière. Il reconnaît néanmoins qu’ils auront une saveur un peu particuliè­re.

« Ça va être les Jeux les plus injustes, a lancé le médaillé de bronze des Jeux de Londres. Il y en a beaucoup pour qui l’expérience olympique, c’est une fois. Il n’y aura pas d’ambiance. Habituelle­ment, c’est toute la ville qui prend les couleurs des Jeux… On a vu les protocoles un petit peu : on est enfermé dans nos chambres, on sort pour faire l’épreuve, on revient au Canada et on fait deux semaines de quarantain­e. »

« Mais ça reste les Jeux olympiques, a reconnu Valois-fortier. Si à travers tout ça, je suis en mesure de monter sur le podium, je vais tellement être fier. Fier d’avoir réussi à traverser tout ça ; d’avoir eu la force, la persévéran­ce et le caractère pour le faire. »

PLUS FORT

Car malgré les innombrabl­es difficulté­s rencontrée­s au cours de la dernière année, Valois-fortier est convaincu qu’il sortira plus fort de cette pandémie.

« C’est le genre d’épreuve qui te fait développer des facettes, surtout entre les deux oreilles. Je pense vraiment avoir développé une résilience et une capacité d’adaptation. »

Le défi était immense pour lui comme pour tout athlète, qui a été confronté à la perte de contrôle.

« Les compétitio­ns annulées, voir que d’autres pays n’avaient aucune restrictio­n contrairem­ent à nous… Ça, c’est dur, reconnaît le neuvième mondial chez les moins de 81 kg. Habituelle­ment, le calendrier est fait un an à l’avance. On sait à quelle heure on s’entraîne, quelle compétitio­n on a… On est vraiment rôdé avec le calendrier qu’on planifie. Là, on a perdu ça, et ce fut difficile de trouver des repères. »

« Certains s’adaptent mieux que d’autres. Chacun a sa personnali­té et sa capacité d’adaptation… Ce que j’ai dû apprendre à faire, c’est d’avoir un peu de laisser-aller. D’accepter de ne pas être en contrôle de tout. Ç’a été un travail que j’ai dû faire. »

Cette dernière année compliquée n’est toutefois pas venue à bout de son amour pour le judo. D’ailleurs, Valois-fortier ne semble pas prêt pour la retraite ni même à renoncer aux Jeux de Paris en 2024. « Je me laisse une porte ouverte. »

LES RIVAUX

Une chose est sûre : Antoine Valois-fortier est convaincu maintenant que le parcours chaotique des derniers mois ne l’a pas rendu moins compétitif sur la scène internatio­nale.

« Depuis qu’on a repris la compétitio­n en octobre, novembre, c’était la grosse question de tout le monde : est-ce qu’on allait être capables de faire les ajustement­s nécessaire­s pour continuer d’être compétitif­s ? La réponse, sans aucun doute, c’est oui. À chaque sortie, le Canada a été en mesure d’aller chercher plusieurs médailles et d’être super compétitif. Même avec des restrictio­ns différente­s, on a pu trouver des solutions. » Le premier adversaire qu’il pourrait affronter sur sa route vers Tokyo est son coéquipier Etienne Briand. Une bonne performanc­e du Québécois aux Mondiaux, au début juin, en Hongrie, lui permettrai­t d’intégrer le top 18 mondial et de forcer la tenue d’un combat de barrage pour déterminer qui Judo Canada enverra à Tokyo.

« Le combat de barrage avec Etienne est une possibilit­é réelle. Il a les capacités d’aller chercher les points nécessaire­s aux championna­ts du monde, a mentionné Valois-fortier. Mais j’y vais une étape à la fois. J’ai décidé de me concentrer sur moi, sur ma préparatio­n, sur ma santé. Les championna­ts du monde auront lieu au début juin et, à ce moment-là, je ferai un état des lieux. »

 ?? PHOTO DOMINICK GRAVEL, AGENCE QMI ?? Le Québécois Antoine Valois-fortier s’entraîne en compagnie de son entraîneur Fayez Abdulrahma­n en vue des Jeux de Tokyo.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, AGENCE QMI Le Québécois Antoine Valois-fortier s’entraîne en compagnie de son entraîneur Fayez Abdulrahma­n en vue des Jeux de Tokyo.

Newspapers in French

Newspapers from Canada