Un 3e lien injustifiable
Il existe un vieux principe en politique voulant que les électeurs votent pour les promesses et non les réalisations. Le gouvernement caquiste l’a bien compris avec le tunnel Québec-lévis.
C’est fou comme l’histoire semble parfois vouloir se répéter. Ainsi, à partir de 1900, Louis-alexandre Taschereau, qui fut aussi premier ministre du Québec de 1920 à 1936, a été réélu sans interruption et à dix reprises dans la circonscription de Montmorency, en promettant un pont à chaque élection.
L’élu a fini par tenir sa promesse, et le pont, celui de l’île-d’orléans, a été inauguré, mais les électeurs, comme me l’a raconté l’historien Gilles Gallichan, ont dû attendre… 36 ans.
Ironie du sort, c’est aussi l’année de l’inauguration du pont qu’ont choisie les électeurs pour montrer abruptement la porte à M. Taschereau. L’élu a tout de même pu profiter d’une longue et belle carrière en politique en voguant sur cette promesse.
AUTRE SIÈCLE
Au-delà de ces considérations, le problème majeur du tunnel Québec-lévis, c’est que contrairement au pont de l’île, qui doit d’ailleurs être remplacé sous peu, sa pertinence n’a jamais pu être démontrée.
Comme la CAQ mène depuis toujours sa barque au gré des sondages, on n’a pas attendu d’avoir réfléchi sur le bien-fondé du tunnel avant d’en faire un projet phare pour Québec.
Or, le gouvernement caquiste a beau tenter de verdir son projet en y ajoutant des voies réservées, les électeurs du 21e siècle ne sont pas dupes. Mieux informés que jamais, ils se préoccupent des questions environnementales, de l’étalement urbain et de la saine gestion des fonds publics. Or, tout cloche avec le troisième lien.
Il ne faut donc pas s’étonner que la pétition contre le projet ait recueilli plus de 25 000 signatures en moins de 48 heures. Le gouvernement Legault n’avait certainement pas vu venir ce soulèvement partout au Québec, qui pourrait bien le rattraper.
Le ministre François Bonnardel assurait dans nos pages hier qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. Mais sans besoin avéré et moyennant des coûts pharaoniques, le troisième lien n’en finit plus d’être injustifiable.
Comme me l’a lancé une connaissance, le tunnel se fera peut-être un jour, mais les poules auront des dents… et des dents cariées.