Legault sonde-t-il pour une loi spéciale ?
Québec solidaire craint ses intentions dans les négociations avec le secteur public
Les sondages payés par les fonds publics ne servent pas seulement à prendre le pouls des Québécois sur les mesures sanitaires. Le gouvernement Legault a commandé une enquête d’opinion donnant l’impression qu’il fomente une loi spéciale pour mettre fin à la négociation avec les employés de l’état, dénonce Québec solidaire.
« Dans quelles mesures êtesvous en accord avec les énoncés suivants : après un an, les négociations ont assez duré », demande-t-on aux répondants d’un sondage de la firme SOM réalisé à la mi-mai pour le
Conseil exécutif.
Pour le député solidaire Vincent Marissal, l’objectif du gouvernement caquiste est clair. « Ce sont des questions tendancieuses qui sont posées pour élaborer le dossier de persuasion du gouvernement pour une éventuelle loi spéciale », déplore-t-il.
Selon lui, si les discussions entre Québec et les quelque
550 000 travailleurs des services publics et parapublics traînent en longueur, c’est parce que le gouvernement ne négocie pas de bonne foi.
« Ils vont aller se valider auprès de la population avec des questions tendancieuses, ça démontre que c’est un gouvernement populiste », s’indigne l’élu.
UNE LOI PAS EXCLUE
Interrogé hier, le premier ministre a écarté pour le moment le recours à une loi spéciale. Mais il ne l’a pas exclu.
« On n’est pas rendus là. […] Tant que les négociations vont bien se passer et qu’il n’y aura pas de moyens de pression importants, on va continuer la négociation », a-t-il dit. Au début du mois de mai, François Legault disait pourtant souhaiter un règlement d’ici « deux à trois semaines ».
PLUS DE 1 M$ EN SONDAGES
Comme notre Bureau parlementaire l’a révélé, le gouvernement de François Legault a déboursé plus de 600 000 $ d’argent public pour ausculter l’humeur des Québécois depuis son arrivée au pouvoir.
Talonné à ce sujet par l’opposition, le PM a soutenu hier que cette somme a servi principalement à jauger le niveau d’appui des citoyens aux consignes de la Santé publique.
« Sornettes ! » réplique le député de Rosemont. Vincent Marissal estime que le gouvernement instrumentalise la crise sanitaire à des fins partisanes. « Non seulement ce n’est pas une bonne utilisation des fonds publics, mais c’est politiquement frauduleux, et moi, je songe très fortement à amener la Vérificatrice générale à se pencher là-dessus. »
Au Conseil exécutif, on précise que le sondage portant sur les négociations avec le secteur public a été fait par la firme SOM, qui a remporté un appel d’offres public en 2019 pour réaliser différentes activités de recherche.
Le contrat de 400 000 $ a aussi permis de sonder les Québécois sur la langue française et
« les motifs de fierté de vivre au Québec ».
Au début de la pandémie, un autre contrat de 500000 $, celui-là de gré à gré, a été accordé à SOM pour la « collecte de données et analyse des résultats au quotidien à propos de la crise de la COVID-19 ».
En novembre dernier, le gouvernement a prolongé ce contrat pour un montant additionnel de
250 000 $.