Voir aussi la chronique de Claude Villeneuve
Si vous écoutez la radio, vous avez sans doute entendu une publicité du gouvernement expliquant que ses offres aux employés du secteur public sont des plus généreuses.
Puis, immanquablement, vient la réplique des syndicats qui disent que les offres du gouvernement ne sont pas si généreuses qu’on le prétend.
Ce n’est pas mêlant, même sur le jeu en ligne que j’ai sur mon téléphone cellulaire, j’ai des publicités qui concernent les négos !
À la fin, c’est lourd. Pris entre deux feux, celui des préposées, infirmières et enseignantes qui ont sa sympathie, puis celui du gouvernement qui a son portefeuille, le citoyen se sent reçu à souper à la table d’un couple qui passe la soirée à se chicaner.
On va vous laisser régler vos affaires et on reviendra un autre soir, a-t-on envie de dire !
RAPPORT DE FORCE
À ce stade-ci, ce serait pour ainsi dire réglé avec les enseignantes et les infirmières, dont tout le monde s’entendait qu’il fallait bonifier les salaires. C’est quant à la situation des différents professionnels, intervenants et technologues que ça achoppe.
La négociation est rendue plus compliquée par le fait que chacune des parties croit, à sa façon, posséder un rapport de force sans précédent.
Les syndicats misent sur la mobilisation de leurs membres épuisés par 15 mois de pandémie et une opinion publique qui a enfin vu les effets d’avoir des réseaux qui opèrent en sous-effectif de façon structurelle depuis des décennies. Un mot: CHSLD.
Le gouvernement est auréolé d’un taux de satisfaction pandémique record et, s’il a hérité de larges surplus après son élection, tout le monde sait que ceux-ci ont disparu à la faveur du coup de frein économique et de dépenses publiques sans précédent.
INCOHÉRENCE
Le problème des employés du secteur public, c’est que tous les Québécois s’estiment eux aussi affectés par la pandémie. Le discours fâché-fâché des syndicats dans leurs publicités à la radio reflète peut-être le sentiment de leurs membres, mais ne rejoint pas vraiment le public, qui est le vrai arbitre en ces matières.
Du côté patronal, après avoir laissé entendre que la levée de l’état d’urgence était conditionnelle à l’adoption d’un nouveau contrat de travail, on met la table pour une loi spéciale ou, à tout le moins, un décret pour interdire les moyens de pression à venir. Ce serait cependant très problématique du point de vue d’un gouvernement qui vante depuis un an le travail des anges gardiens.
Une grave incohérence, aussi, quand on veut investir dans les maternelles 4 ans et « Agir tôt » pour le développement des enfants, sans majorer le salaire des orthopédagogues ; quand on dit se préoccuper de santé mentale, mais qu’on ne fait rien de plus pour les psychologues ; quand on veut faire le
À la fin, c’est lourd. Pris entre deux feux, celui des préposées, infirmières et enseignantes qui ont sa sympathie, puis celui du gouvernement qui a son
portefeuille, le citoyen se sent reçu à souper à la table d’un couple qui passe
la soirée à se chicaner.
ménage à la DPJ, sans valoriser davantage les intervenants.
À la fin, le gouvernement peut bien dire qu’il veut attirer plus de jeunes vers les emplois du secteur public et les y retenir, mais s’il ne veut pas investir pour leur donner plus, on ne le croira plus.
Surtout s’il est prêt à dépenser 10 milliards de dollars pour un tunnel entre Lévis et Québec. »