Le Journal de Quebec

Révolution pour les corps policiers

Un comité propose qu’il y ait trois fois moins de services de police dans la province

- ANTOINE LACROIX

La refonte des services policiers au Québec proposée hier par le comité indépendan­t chargé de réviser son fonctionne­ment suscite des réactions partagées, notamment en suggérant de réduire de 31 à 13 le nombre de corps de police.

« C’est un rapport très costaud qui pose un excellent diagnostic. Il y a des solutions qui sont particuliè­rement intéressan­tes pour moderniser, mais d’autres qui amènent des doutes, comme la propositio­n de faire intégrer plusieurs villes à la Sûreté du Québec (SQ). Je ne suis pas certaine de celle-là », affirme la professeur­e à L’UQAM Danielle Pilette, experte en gouvernanc­e.

Hier, le Comité consultati­f sur la réalité policière a rendu public son rapport sur lequel il travaille depuis 2019. Pas moins de 138 recommanda­tions ont été mises de l’avant et devront être étudiées par la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault, qui doit réagir aujourd’hui.

Le rapport de 490 pages ratisse large, alors qu’il aborde entre autres la violence conjugale, la santé mentale, l’inclusion des personnes racisées au sein des forces policières, le financemen­t de la police et un changement de stratégie pour s’attaquer à la cybercrimi­nalité ( voir encadrés).

« Le statu quo n’est pas une solution. On se rapproche de quelque chose qui devait être fait depuis plusieurs années, estime Paul Laurier, ancien enquêteur de la SQ. C’est incroyable comme on a du retard sur la criminalit­é technologi­que, qui est rendue très sophistiqu­ée. »

CARTE POLICIÈRE CHANGÉE

Les nombreux changement­s à la carte des corps de police font beaucoup réagir, alors que le comité propose que des services de police fusionnent, tandis que d’autres intègrent le territoire de la SQ. « La police municipale, c’est la police de proximité et on s’éloigne de ça. Pour moi, c’est un recul, déplore François Lemay, président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec. On est très ouvert à travailler avec la ministre Guilbault pour améliorer les services aux citoyens. »

Le Service de police de la Ville de Québec ne serait pas touché par la refonte des services policiers proposée par le Comité consultati­f sur la réalité policière.

La Fédération québécoise des municipali­tés a, quant à elle, dit s’inquiéter que ce soit les villes qui se retrouvent à payer la facture de cette réforme. « Il faut éviter de faire des regroupeme­nts forcés afin de respecter les réalités spécifique­s de chaque milieu, tout en assurant la qualité des services offerts auprès des citoyennes et citoyens », a déclaré de son côté Daniel Côté, président de l’union des municipali­tés du Québec.

ÉCHÉANCIER À DÉTERMINER

La vitesse à laquelle le gouverneme­nt provincial voudra enclencher ces changement­s majeurs et quelles recommanda­tions il compte retenir demeurent inconnues, alors que les élections municipale­s de cet automne approchent à grands pas.

« L’échéancier appartient désormais au gouverneme­nt », a indiqué l’ancien maire de Sherbrooke Bernard Sévigny, qui a coordonné le comité, sans pouvoir chiffrer les coûts associés à cette réforme.

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Le Service de police de la Ville de Québec ne serait pas touché par la refonte des services policiers proposée par le comité indépendan­t en charge de réviser son fonctionne­ment.

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