Révolution pour les corps policiers
Un comité propose qu’il y ait trois fois moins de services de police dans la province
La refonte des services policiers au Québec proposée hier par le comité indépendant chargé de réviser son fonctionnement suscite des réactions partagées, notamment en suggérant de réduire de 31 à 13 le nombre de corps de police.
« C’est un rapport très costaud qui pose un excellent diagnostic. Il y a des solutions qui sont particulièrement intéressantes pour moderniser, mais d’autres qui amènent des doutes, comme la proposition de faire intégrer plusieurs villes à la Sûreté du Québec (SQ). Je ne suis pas certaine de celle-là », affirme la professeure à L’UQAM Danielle Pilette, experte en gouvernance.
Hier, le Comité consultatif sur la réalité policière a rendu public son rapport sur lequel il travaille depuis 2019. Pas moins de 138 recommandations ont été mises de l’avant et devront être étudiées par la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault, qui doit réagir aujourd’hui.
Le rapport de 490 pages ratisse large, alors qu’il aborde entre autres la violence conjugale, la santé mentale, l’inclusion des personnes racisées au sein des forces policières, le financement de la police et un changement de stratégie pour s’attaquer à la cybercriminalité ( voir encadrés).
« Le statu quo n’est pas une solution. On se rapproche de quelque chose qui devait être fait depuis plusieurs années, estime Paul Laurier, ancien enquêteur de la SQ. C’est incroyable comme on a du retard sur la criminalité technologique, qui est rendue très sophistiquée. »
CARTE POLICIÈRE CHANGÉE
Les nombreux changements à la carte des corps de police font beaucoup réagir, alors que le comité propose que des services de police fusionnent, tandis que d’autres intègrent le territoire de la SQ. « La police municipale, c’est la police de proximité et on s’éloigne de ça. Pour moi, c’est un recul, déplore François Lemay, président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec. On est très ouvert à travailler avec la ministre Guilbault pour améliorer les services aux citoyens. »
Le Service de police de la Ville de Québec ne serait pas touché par la refonte des services policiers proposée par le Comité consultatif sur la réalité policière.
La Fédération québécoise des municipalités a, quant à elle, dit s’inquiéter que ce soit les villes qui se retrouvent à payer la facture de cette réforme. « Il faut éviter de faire des regroupements forcés afin de respecter les réalités spécifiques de chaque milieu, tout en assurant la qualité des services offerts auprès des citoyennes et citoyens », a déclaré de son côté Daniel Côté, président de l’union des municipalités du Québec.
ÉCHÉANCIER À DÉTERMINER
La vitesse à laquelle le gouvernement provincial voudra enclencher ces changements majeurs et quelles recommandations il compte retenir demeurent inconnues, alors que les élections municipales de cet automne approchent à grands pas.
« L’échéancier appartient désormais au gouvernement », a indiqué l’ancien maire de Sherbrooke Bernard Sévigny, qui a coordonné le comité, sans pouvoir chiffrer les coûts associés à cette réforme.