Une mairesse arrêtée par la Sûreté du Québec
Elle aurait voulu faire tabasser un opposant politique
La mairesse de BrownsburgChatham, dans les Laurentides, a été arrêtée, car elle aurait tenté de faire casser les deux jambes d’un opposant politique, a appris notre Bureau d’enquête.
La mairesse Catherine Trickey, qui nie les allégations à son endroit, a été arrêtée la semaine dernière. Les policiers de la Sûreté du Québec lui ont remis une citation à comparaître.
Elle pourrait être accusée de complot pour voies de fait. Le dossier est actuellement analysé par le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
La police avait ouvert son enquête à la suite de la réception d’une plainte de deux citoyens, le 25 mars.
Notre Bureau d’enquête a rencontré les deux hommes à l’origine de cette plainte.
Réjean Dunn, un résident de Brownsburg-chatham qui a eu plusieurs démêlés avec la justice au cours des dernières années, nous a indiqué que la mairesse Trickey lui aurait demandé à au moins deux reprises, notamment en 2019 et en juin 2020, de trouver quelqu’un qui pourrait « casser les deux jambes » de Martin Charron, un ex-conseiller municipal.
« Elle était tannée de lui. Il était toujours dans ses affaires », relate M. Dunn.
Ces demandes seraient survenues alors que M. Dunn effectuait sporadiquement de petits travaux sur le terrain de la mairesse.
Ce dernier affirme même être allé identifier en personne M. Charron, qu’il ne connaissait pas, lors d’une séance du conseil municipal en mai 2019, à la demande de Mme Trickey. Néanmoins, il n’aurait jamais eu l’intention de commettre des voies de fait, jure-t-il.
IL DÉRANGEAIT
M. Dunn a informé M. Charron en février de la menace qui planerait sur lui et les deux hommes ont ensuite décidé de porter plainte ensemble à la police.
« S’il était arrivé de quoi à M. Charron, ça se serait retourné contre moi », nous a expliqué M. Dunn, qui affirme avoir accepté de parler aux policiers pour assurer la sécurité de M. Charron.
Martin Charron, qui a été conseiller municipal à Brownsburg-chatham de 2014 à 2017, dit avoir été abasourdi lorsque M. Dunn lui a révélé que la mairesse voulait s’en prendre à lui.
« C’est sûr que c’est un peu déboussolant de se faire dire que quelqu’un veut te casser les jambes. Tu te dis pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? » a-t-il témoigné.
Il admet avoir été souvent très critique de la mairesse, notamment lors des conseils municipaux.
« C’est sûr qu’on met de la pression quand on est en politique. L’idée, c’est de faire sortir les vraies choses », ajoute-t-il.
LA MAIRESSE CONFIANTE
La mairesse Trickey a nié hier avoir demandé qu’on s’en prenne à M. Charron.
« Je n’ai pas de craintes […] Il n’y aura pas de suite à cela », a-t-elle commenté.
Selon elle, c’est M. Dunn, et non l’inverse, qui lui aurait proposé de s’en prendre à M. Charron, à « deux ou trois » reprises.
« J’avais des problèmes avec le conseiller […] Aux assemblées du conseil, c’était le bordel […] Il [Dunn] m’a dit : “Moi, je peux t’organiser ça”. Je le regarde. Je dis : “Ah ouais ? Bon OK”. Là, tu te dis : bon, il a des contacts ce gars-là. C’est épeurant. Et puis, c’est tout », raconte-t-elle.
Mme Trickey a toutefois admis ne pas avoir tenté non plus de dissuader M. Dunn de passer à l’action. « Je ne voulais pas m’avancer dans ces discussions-là. »
Elle affirme avoir eu « un peu peur » de M. Dunn. Pourtant, ce dernier venait chez elle jusqu’à deux fois par semaine à l’époque, nous a-t-elle confirmé.
Elle s’était aussi entendue avec lui pour qu’il conduise et développe des projets avec une pelle mécanique qu’elle a acquise en 2020, selon un document dont nous avons obtenu copie.