Le Journal de Quebec

La communauté musulmane satisfaite

La Cour suprême a accepté d’entendre l’appel visant à revoir la peine prononcée contre Alexandre Bissonnett­e

- - Avec la collaborat­ion de Taïeb Moalla et Kathleen Frenette ELISA CLOUTIER

La décision de la Cour suprême de se pencher sur la peine prononcée contre Alexandre Bissonnett­e est accueillie favorablem­ent par la communauté musulmane de Québec.

L’an dernier, la Cour d’appel du Québec avait réduit de 40 à 25 ans le temps que l’auteur de la tuerie à la grande mosquée de Québec devra purger en détention avant d’être admissible à une libération conditionn­elle ( voir encadré).

« Tout ce qu’on veut, c’est que ça ne se répète pas. S’il faut mettre des poignées plus solides à cette loi pour qu’aucun regroupeme­nt public ne subisse les actes qu’a subis le CCIQ, c’est ce qu’on souhaite », mentionne le cofondateu­r et porte-parole du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), Boufeldja Benabdalla­h.

Il souhaite que la décision du plus haut tribunal au pays serve à dissuader les personnes qui seraient tentées de commettre un crime « atroce ».

« Il faut que ce genre de crime soit jugé de la même façon d’une province à une autre, pour prévenir des situations catastroph­iques », soutient M. Benabdalla­h. Il fait ainsi référence, entre autres, à Justin Bourque, auteur de la fusillade survenue en juin 2014 à Moncton, et qui a écopé d’une peine d’emprisonne­ment à perpétuité, sans possibilit­é de libération avant 75 ans.

LA PEINE EXAMINÉE

Au cours des prochains mois, la Cour suprême se penchera sur la peine prononcée contre Alexandre Bissonnett­e.

Le point qui se trouve au coeur du litige est l’article 745.51 du Code criminel qui permet au juge d’additionne­r une période de 25 ans pour chaque meurtre au premier degré avant l’admissibil­ité à la libération conditionn­elle.

Les juges de la Cour suprême devront notamment déterminer si cet article, introduit au Code criminel en 2011 sous l’égide du gouverneme­nt Harper, est légal, et si oui, de quelle façon il devrait être appliqué.

POUR LES FAMILLES

Pour sa part, même s’il affirme avoir « tourné la page », sur les tragiques événements survenus en janvier 2017, l’ancien président du CCIQ, Mohamed Labidi, se réjouit de cette décision, surtout pour les familles des victimes, affirmant que c’est « tout ce qu’elles souhaitaie­nt ».

« J’ai parlé avec plusieurs d’entre elles [les familles de victimes] et l’argument qui va directemen­t au coeur, c’est, par exemple, si Bissonnett­e sort après 25 ans, il va sûrement croiser leurs enfants. C’est ça, le plus difficile, dit-il. Il y a au moins cinq bébés [parmi les familles des victimes], qui seront dans la trentaine dans 25 ans, c’est vraiment ça qui les préoccupe énormément, les familles », poursuit-il, en précisant que ces dernières n’étaient pas satisfaite­s de la « clémence » de la décision de la Cour d’appel.

M. Labidi souhaite maintenant un « délai raisonnabl­e » avant la libération d’alexandre Bissonnett­e. « Ce n’est pas une question de vengeance, c’est une question de respecter les orphelins, soutient-il. Il ne faut laisser aucune chance que de telles erreurs se répètent », ajoute-t-il.

D’ailleurs, Khadija Thabti, veuve de Boubaker Thabti, l’une des six victimes de l’attentat, est aussi heureuse de la décision.

« La Cour suprême a quand même son poids, a-t-elle insisté. C’est bien qu’elle ait accepté d’entendre cette cause. Au moins, nos enfants sauront plus tard qu’ils sont dans un pays où il y a des droits et que ce genre de crime ne passe pas comme ça. »

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PHOTOS D’ARCHIVES Alexandre Bissonnett­e, photograph­ié ici le 30 janvier 2017, lors de sa comparutio­n au palais de justice de Québec. Il pourrait devoir patienter plus longtemps que 25 ans avant d’être admissible à une libération conditionn­elle, alors que la Cour suprême du Canada révisera sa peine, prononcée en 2020 par la Cour d’appel.
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BOUFELDJA BENABDALLA­H Porte-parole du CCIQ

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