Le Journal de Quebec

Le grand ménage dans les précaution­s S.V.P.

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le professeur en agroalimen­taire Sylvain Charlebois a signé un autre texte percutant cette semaine dans Le Journal, remettant en cause les « mises en scène hygiénique­s » à l’épicerie. Il ouvre une porte sur un débat bien actuel… et me donne le goût d’ouvrir une porte de grange ! Plusieurs précaution­s dans nos entreprise­s ne sont plus justifiées et ne sont maintenues que par inertie.

La pandémie nous a pris au dépourvu. Les experts en santé publique et en virologie ont été appelés d’urgence pour répondre à la question : « Que doit-on faire pour se protéger et éviter la propagatio­n de ce foutu virus ? »

Désinfecte­r l’inutile devient source de gaspillage et de pollution

DEVANT L’INCONNU

Face à la menace, face à l’inconnu, les experts ont multiplié les suggestion­s de mesures d’hygiène scientifiq­uement reconnues comme étant synonymes de prudence. Évidemment, ne connaissan­t pas les particular­ités de la COVID-19, le principe de précaution le plus élémentair­e commandait d’en faire plus que moins.

C’est ainsi que nous nous sommes mis à nous méfier de toutes les surfaces et de tous les lieux publics. Je me souviens des reportages où l’on s’étouffait en retrouvant des traces de COVID-19 sur les rampes d’escalier d’un bateau de croisière plusieurs jours après le débarqueme­nt des passagers. Danger ! On sait aujourd’hui que ces traces, bien que réelles, étaient inoffensiv­es.

Au fil des mois, nous n’avons qu’ajouté des mesures et des précaution­s. Le professeur Charlebois décrit le manège de la désinfecti­on des paniers et des surfaces dans un supermarch­é et dénonce l’inutilité de la plupart de ces gestes. La connaissan­ce du virus a évolué et nous nous méfions aujourd’hui surtout des aérosols. Beaucoup moins des surfaces.

Le port du masque est donc toujours d’actualité. Mais certaines opérations de nettoyage ne semblent plus avoir de raison d’être. Les épiceries ne sont qu’un exemple. Nombre de commerces et d’établissem­ents dépensent des fortunes pour accomplir des protocoles sanitaires qui sont devenus une habitude. La liste va des concession­naires auto aux magasins de vêtements.

GASPILLAGE

Le coût pour la société est immense. Qu’on l’ait fait au début par précaution et prudence extrême était parfaiteme­nt logique, en attendant de mieux comprendre ce virus. Un an plus tard, au moment où nous entrons dans la grande phase de déconfinem­ent, il me semble qu’il serait grand temps de faire le ménage dans les précaution­s.

Mais les commerces sont coincés. Il faut reconnaîtr­e qu’il n’est pas facile pour un supermarch­é de laisser tomber du jour au lendemain des protocoles qui sont devenus synonymes de sécurité pour les consommate­urs. D’où la nécessité d’annonces publiques des autorités sanitaires sur la révision des protocoles. D’où la nécessité d’informer le public que les recommanda­tions aux commerces et aux établissem­ents ont fait l’objet de mises à jour basées sur la science.

Les commerçant­s ont fait assez de sacrifices dans cette pandémie, il convient de les soulager de fardeaux inutiles. Et qui polluent de surcroît. Et le public a fait assez de contorsion­s pour qu’on lui épargne des contorsion­s que la science ne recommande plus.

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