Le grand ménage dans les précautions S.V.P.
Le professeur en agroalimentaire Sylvain Charlebois a signé un autre texte percutant cette semaine dans Le Journal, remettant en cause les « mises en scène hygiéniques » à l’épicerie. Il ouvre une porte sur un débat bien actuel… et me donne le goût d’ouvrir une porte de grange ! Plusieurs précautions dans nos entreprises ne sont plus justifiées et ne sont maintenues que par inertie.
La pandémie nous a pris au dépourvu. Les experts en santé publique et en virologie ont été appelés d’urgence pour répondre à la question : « Que doit-on faire pour se protéger et éviter la propagation de ce foutu virus ? »
Désinfecter l’inutile devient source de gaspillage et de pollution
DEVANT L’INCONNU
Face à la menace, face à l’inconnu, les experts ont multiplié les suggestions de mesures d’hygiène scientifiquement reconnues comme étant synonymes de prudence. Évidemment, ne connaissant pas les particularités de la COVID-19, le principe de précaution le plus élémentaire commandait d’en faire plus que moins.
C’est ainsi que nous nous sommes mis à nous méfier de toutes les surfaces et de tous les lieux publics. Je me souviens des reportages où l’on s’étouffait en retrouvant des traces de COVID-19 sur les rampes d’escalier d’un bateau de croisière plusieurs jours après le débarquement des passagers. Danger ! On sait aujourd’hui que ces traces, bien que réelles, étaient inoffensives.
Au fil des mois, nous n’avons qu’ajouté des mesures et des précautions. Le professeur Charlebois décrit le manège de la désinfection des paniers et des surfaces dans un supermarché et dénonce l’inutilité de la plupart de ces gestes. La connaissance du virus a évolué et nous nous méfions aujourd’hui surtout des aérosols. Beaucoup moins des surfaces.
Le port du masque est donc toujours d’actualité. Mais certaines opérations de nettoyage ne semblent plus avoir de raison d’être. Les épiceries ne sont qu’un exemple. Nombre de commerces et d’établissements dépensent des fortunes pour accomplir des protocoles sanitaires qui sont devenus une habitude. La liste va des concessionnaires auto aux magasins de vêtements.
GASPILLAGE
Le coût pour la société est immense. Qu’on l’ait fait au début par précaution et prudence extrême était parfaitement logique, en attendant de mieux comprendre ce virus. Un an plus tard, au moment où nous entrons dans la grande phase de déconfinement, il me semble qu’il serait grand temps de faire le ménage dans les précautions.
Mais les commerces sont coincés. Il faut reconnaître qu’il n’est pas facile pour un supermarché de laisser tomber du jour au lendemain des protocoles qui sont devenus synonymes de sécurité pour les consommateurs. D’où la nécessité d’annonces publiques des autorités sanitaires sur la révision des protocoles. D’où la nécessité d’informer le public que les recommandations aux commerces et aux établissements ont fait l’objet de mises à jour basées sur la science.
Les commerçants ont fait assez de sacrifices dans cette pandémie, il convient de les soulager de fardeaux inutiles. Et qui polluent de surcroît. Et le public a fait assez de contorsions pour qu’on lui épargne des contorsions que la science ne recommande plus.