Un logo auquel on ne peut se fier
Aucune assurance qu’un produit « Aliments du Québec » est vraiment québécois
Aliments du Québec (AQ) ne peut garantir que les produits qui portent ses logos proviennent vraiment du Québec ou y sont préparés en raison d’un manque de surveillance, selon un rapport du commissaire au développement durable.
« On a détecté plusieurs lacunes qui font en sorte que non, on n’a pas l’assurance que le produit provient vraiment du Québec », a lancé le commissaire Paul Lanoie hier, à l’assemblée nationale.
Dans son rapport de mai, il a passé au peigne fin les certifications de l’organisme.
√ Aliments du Québec : composé d’un minimum de 85 % d’ingrédients d’origine québécoise ;
√ Aliments préparés au Québec : entièrement transformé et emballé au Québec.
Mais « force est de constater qu’aq ne fait pas une vérification et une surveillance adéquates », déplore le commissaire.
L’audit de M. Lanoie révèle que près du tiers des fiches de produits sont incomplètes ou contiennent des renseignements inadéquats. L’organisme, qui a reçu 26,35 M$ en quatre ans pour promouvoir les produits d’ici, ne demande « aucune pièce justificative permettant de valider un réel approvisionnement au Québec ».
MOINS DE 1,5 % DES PRODUITS VÉRIFIÉS
Entre 2017 et 2020, il n’y a que 34 entreprises (moins de 3 %) et 215 produits (moins de 1,5 %) qui ont été contrôlés par AQ.
En comparaison, l’ensemble des entreprises qui mettent en valeur leur produit par une appellation réservée, comme l’agneau de Charlevoix, reçoivent une visite de contrôle chaque année.
Et lorsqu’une compagnie se fait pincer, Paul Lanoie déplore un « manque de rigueur du suivi des cas d’usage non autorisé ou de non-conformité ». Sur 175 produits problématiques en 2019-2020, 27 % ne sont pas « encore mis aux normes ». Selon Aliments du Québec, un problème informatique est à l’origine de cette situation.
En entrevue avec Le Journal, la directrice générale de l’organisme, Marie Beaudry, indique que cette année, le nombre d’inspecteurs a doublé, passant de deux à quatre. Combien d’inspection veut-elle faire dans les prochaines années ? Pour l’instant, pas de réponse, elle veut d’abord soumettre un plan au commissaire. Elle souligne que sur les 26 millions $ reçus depuis quatre ans, 15 M$ ont été versés à la fin du mois d’avril, entre autres pour « mieux identifier et garantir la provenance » des aliments d’ici.
De son côté, le ministre de l’agriculture, des Pêcheries et de l’alimentation du Québec, André Lamontagne, s’attend à ce que 100 % des produits affichés proviennent bel et bien du Québec.
« Annuellement, ils ont des rapports à nous rendre. Ils ont une démonstration à nous faire de la véracité et du bien-fondé des logos », a-t-il dit au Journal.
Aliments du Québec n’est pas le seul organisme sur la sellette : le MAPAQ est également pointé du doigt, car il « ne surveille pas adéquatement la fiabilité des indications présentes sur les étiquettes des aliments ».
Le public peut, cependant, se fier à la liste d’ingrédients, à la déclaration des principaux allergènes et à la durée de conservation des aliments.