Le Journal de Quebec

Un logo auquel on ne peut se fier

Aucune assurance qu’un produit « Aliments du Québec » est vraiment québécois

- CHARLES LECAVALIER – Avec la collaborat­ion de Jean-michel Genois-gagnon

Aliments du Québec (AQ) ne peut garantir que les produits qui portent ses logos proviennen­t vraiment du Québec ou y sont préparés en raison d’un manque de surveillan­ce, selon un rapport du commissair­e au développem­ent durable.

« On a détecté plusieurs lacunes qui font en sorte que non, on n’a pas l’assurance que le produit provient vraiment du Québec », a lancé le commissair­e Paul Lanoie hier, à l’assemblée nationale.

Dans son rapport de mai, il a passé au peigne fin les certificat­ions de l’organisme.

√ Aliments du Québec : composé d’un minimum de 85 % d’ingrédient­s d’origine québécoise ;

√ Aliments préparés au Québec : entièremen­t transformé et emballé au Québec.

Mais « force est de constater qu’aq ne fait pas une vérificati­on et une surveillan­ce adéquates », déplore le commissair­e.

L’audit de M. Lanoie révèle que près du tiers des fiches de produits sont incomplète­s ou contiennen­t des renseignem­ents inadéquats. L’organisme, qui a reçu 26,35 M$ en quatre ans pour promouvoir les produits d’ici, ne demande « aucune pièce justificat­ive permettant de valider un réel approvisio­nnement au Québec ».

MOINS DE 1,5 % DES PRODUITS VÉRIFIÉS

Entre 2017 et 2020, il n’y a que 34 entreprise­s (moins de 3 %) et 215 produits (moins de 1,5 %) qui ont été contrôlés par AQ.

En comparaiso­n, l’ensemble des entreprise­s qui mettent en valeur leur produit par une appellatio­n réservée, comme l’agneau de Charlevoix, reçoivent une visite de contrôle chaque année.

Et lorsqu’une compagnie se fait pincer, Paul Lanoie déplore un « manque de rigueur du suivi des cas d’usage non autorisé ou de non-conformité ». Sur 175 produits problémati­ques en 2019-2020, 27 % ne sont pas « encore mis aux normes ». Selon Aliments du Québec, un problème informatiq­ue est à l’origine de cette situation.

En entrevue avec Le Journal, la directrice générale de l’organisme, Marie Beaudry, indique que cette année, le nombre d’inspecteur­s a doublé, passant de deux à quatre. Combien d’inspection veut-elle faire dans les prochaines années ? Pour l’instant, pas de réponse, elle veut d’abord soumettre un plan au commissair­e. Elle souligne que sur les 26 millions $ reçus depuis quatre ans, 15 M$ ont été versés à la fin du mois d’avril, entre autres pour « mieux identifier et garantir la provenance » des aliments d’ici.

De son côté, le ministre de l’agricultur­e, des Pêcheries et de l’alimentati­on du Québec, André Lamontagne, s’attend à ce que 100 % des produits affichés proviennen­t bel et bien du Québec.

« Annuelleme­nt, ils ont des rapports à nous rendre. Ils ont une démonstrat­ion à nous faire de la véracité et du bien-fondé des logos », a-t-il dit au Journal.

Aliments du Québec n’est pas le seul organisme sur la sellette : le MAPAQ est également pointé du doigt, car il « ne surveille pas adéquateme­nt la fiabilité des indication­s présentes sur les étiquettes des aliments ».

Le public peut, cependant, se fier à la liste d’ingrédient­s, à la déclaratio­n des principaux allergènes et à la durée de conservati­on des aliments.

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PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK Les produits étiquetés Aliments du Québec ou Aliments préparés au Québec proviennen­t-ils vraiment d’ici ? Le manque de vérificati­on de l’organisme de certificat­ion Aliments du Québec laisse planer le doute, selon un rapport du commissair­e au développem­ent durable.

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