Le Journal de Quebec

Un conflit de travail qui pourrait gâcher la sauce pour les restos

La grève à l’usine Exceldor de Saint-anselme menace les approvisio­nnements

- FRANCIS HALIN – Avec Jean-michel Genois Gagnon

La grève à la plus grande usine de transforma­tion de volailles du Québec, qui force des éleveurs à euthanasie­r leurs poulets, risque de gâcher la saison des terrasses et des barbecues, selon Exceldor.

« Qu’est-ce que l’on va faire avec nos poulets ? On est mal à l’aise avec ça, même si on comprend les revendicat­ions des travailleu­rs de Saint-anselme », confie avec émotion au Journal Frédéric Gaucher, éleveur de poulets du Groupe Gaucher, qui détient des dizaines de milliers de volailles.

« On s’entend que le bien-être animal est d’actualité. On aime nos oiseaux », ajoutet-il la voix nouée d’émotion au bout du fil.

Dimanche dernier, les 600 syndiqués de l’usine d’exceldor de Saint-anselme ont déclenché la grève après avoir refusé un montant forfaitair­e moyen de 1500 $ par travailleu­r et un salaire horaire passé de 20,71 $ l’heure à 22,51 $.

Or, l’usine de Chaudière-appalaches où passent près d’un million de poulets par semaine est la plus grosse usine de ce type au Québec, selon Exceldor.

« On dénonce un gaspillage alimentair­e. On a commencé à abattre 50 000 volailles en euthanasie à la ferme. On pourrait devoir y aller à coup de 400 000 dès la semaine prochaine », a avancé Jordan Ouellet, porte-parole d’exceldor.

Même si la coopérativ­e dit qu’elle dédommager­a à 100 % les éleveurs touchés, elle déplore les conséquenc­es sociales et environnem­entales du conflit.

Hier, les Travailleu­rs unis de l’alimentati­on et du commerce ont refusé de commenter « la prétendue pénurie de poulets » liée au conflit de travail de Saint-anselme.

RESTAURATE­URS ET ÉPICIERS INQUIETS

À l’associatio­n Restaurati­on Québec (ARQ), on craint de manquer de poulet.

« Les gens attendent depuis des mois de pouvoir s’asseoir au restaurant. Il y a des gens pour qui le créneau poulet est à la base de leur offre commercial­e », soupire son porte-parole, François Meunier.

Chez le rôtisseur Saint-hubert, « on souhaite que tout se règle le plus rapidement possible », selon sa directrice des communicat­ions, Josée Vaillancou­rt.

En plus des restaurant­s touchés, les Loblaws, Costco, Walmart, Métro et Sobeys sont aux aguets, selon le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).

« Les épiciers vont faire des pirouettes logistique­s pour s’approvisio­nner dans d’autres provinces afin de limiter les impacts pour le consommate­ur, mais la situation chez Exceldor crée beaucoup d’inquiétude », résume son porte-parole, Jean-françois Belleau.

Pour Sylvie Cloutier, PDG du Conseil de la transforma­tion alimentair­e du Québec (CTAQ), Exceldor a eu l’appui de ses compétiteu­rs, mais « c’est une question de jours avant qu’ils ne soient plus capables de s’approvisio­nner ».

En entrevue avec Le Journal, le ministre de l’agricultur­e, André Lamontagne, s’est montré préoccupé hier par la tournure des événements.

« Chaque fois qu’il y a des conflits comme cela, qui peuvent mettre à mal la chaîne d’approvisio­nnement, c’est certaineme­nt source de préoccupat­ion », a-t-il commenté.

« À ON DORMIR A DE LA À CAUSE DIFFICULTÉ DE ÇA. ON EST DES PRODUCTEUR­S DE POULETS. ON EN PREND SOIN DU DÉBUT À LA FIN »

– Frédéric Gaucher, éleveur de poulets

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? L’éleveur de poulets Frédéric Gaucher, qui vend ses volailles à Exceldor, espère ne pas devoir euthanasie­r ses bêtes à la ferme, même s’il dit respecter les revendicat­ions des grévistes de l’usine de Saint-anselme ( en mortaise, sur la ligne de piquetage, hier).
PHOTO COURTOISIE L’éleveur de poulets Frédéric Gaucher, qui vend ses volailles à Exceldor, espère ne pas devoir euthanasie­r ses bêtes à la ferme, même s’il dit respecter les revendicat­ions des grévistes de l’usine de Saint-anselme ( en mortaise, sur la ligne de piquetage, hier).

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