Le Journal de Quebec

Des investisse­urs québécois en cour pour empêcher la cession d’une mine

Ils s’opposent à la vente prévue de la North American Lithium à des Australien­s

- MARTIN JOLICOEUR

Deux minières québécoise­s, écartées de la reprise des actifs de North American Lithium (NAL), entament conjointem­ent des procédures en justice afin d’empêcher Québec de céder la mine abitibienn­e à des intérêts australien­s.

Dans une lettre adressée hier matin au premier ministre François Legault, Central America Nickel et SRG Mining font état « d’irrégulari­tés sérieuses » dans les procédures et réclament son interventi­on rapide afin de reprendre l’exercice « sur des bases respectueu­ses des règles et des intérêts du Québec ».

Cette lettre, dont Le Journal a obtenu copie, est signée par Me Jacques Bouchard, du cabinet Gattuso Bourget Mazzone. Cette étude montréalai­se a été mandatée par les hommes d’affaires Pierre Gauthier, président de Central America Nickel, et Benoit La Salle, président de SRG Mining.

PERTES DE 63 M$ POUR QUÉBEC

Hier matin, le gouverneme­nt du Québec annonçait par communiqué avoir conclu une entente avec l’australien­ne Sayona Mining pour l’acquisitio­n des actifs de NAL, cette mine de La Corne en Abitibi, toujours sous la protection des tribunaux.

Les détails financiers de cette entente n’ont pas été divulgués. Ils le seront, assure-t-on, dès que la Cour supérieure l’aura approuvée dans les prochaines semaines.

En entrevue avec Le Journal, le ministre de l’économie et de l’innovation, Pierre Fitzgibbon, a toutefois reconnu que Québec avait peu de chance de récupérer l’ensemble de ses billes. Du manque à gagner des quelque 110 M$ , Québec perdra plus de la moitié, soit 63 M$, a précisé le ministre.

En revanche, malgré les doutes à ce propos, le ministre a répété que Sayona s’était engagée à ce que les première et deuxième transforma­tions des matières extraites de cette mine se fassent au Québec.

NAL s’était placée sous la protection de la Loi sur les arrangemen­ts avec les créanciers des compagnies en 2019. Investisse­ment Québec (IQ) était l’un des deux actionnair­es et créanciers garantis de la mine.

Au moins cinq groupes d’investisse­urs avaient soumis une propositio­n d’achat, dans le cadre d’un long processus supervisé par Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), nommé contrôleur dans ce dossier. Du nombre, deux seuls étaient québécois.

INSTRUMENT­ALISÉS

« Nous avons travaillé fort pendant un an. Je suis convaincu que notre offre était supérieure à celle de Sayona, a confié le président de Central America Nickel, Pierre Gauthier. Et après tout cela, Québec cède la mine à des étrangers ? J’ai le sentiment d’avoir été instrument­alisé. Ça ne peut pas se passer comme cela. »

Me Bouchard affirme qu’une mise en demeure formelle sera acheminée à IQ et à RCGT pour exiger une reprise du processus. En appui, l’avocat cite une série de faits qualifiés de « préoccupan­ts » (voir tableau plus haut). À moins d’un revirement, une demande d’injonction sera aussi présentée afin de convaincre la cour de la même chose.

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PHOTO COURTOISIE Le ministre Pierre Fitzgibbon, a de nouveau affirmé, hier, que Sayona, l’acheteur australien, s’est engagé à ce que les première et deuxième transforma­tions des matières extraites à La Corne en Abitibi soient effectuées au Québec.
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PIERRE FITZGIBBON Ministre de l’économie

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