Le Journal de Quebec

Action boréale dénonce le blocage du ministère des Forêts

- CHARLES LECAVALIER

Le groupe environnem­entaliste Action boréale, qui a été mis en demeure et muselé par le ministère des Forêts en 2019 pour avoir dénoncé le blocage d’un fonctionna­ire, demande un grand ménage dans cette institutio­n qu’elle juge à la solde de l’industrie.

« Quand on a dénoncé [le directeur des mandats stratégiqu­es au MFFP] Francis Forcier en 2019, j’ai eu un huissier avec une mise en demeure », dénonce le vétéran militant environnem­entaliste Henri Jacob.

Hier, le quotidien La Presse a révélé une série d’échanges de courriels entre de hauts fonctionna­ires du ministère de l’environnem­ent et celui des Forêts avant l’annonce de décembre 2020, où le gouverneme­nt Legault a créé des dizaines de milliers de kilomètres carrés de territoire­s protégés, surtout dans le nord.

Ces échanges montrent que le ministère des Forêts a bel et bien bloqué la création d’un réseau d’aires protégées au sud pour ne pas réduire la « possibilit­é forestière », comme le dénonçaien­t les environnem­entalistes depuis longtemps.

UN VETO INACCEPTAB­LE

Le successeur de M. Forcier au poste de liaison avec le ministère de l’environnem­ent, Steeve Audet, est nommé dans le reportage.

« Je dois dire que remettre en question 3,376 % de territoire­s convenus entre nos organisati­ons et le milieu régional depuis parfois près de 10 ans, à ce stade-ci, m’apparaît risqué », écrit le sous-ministre adjoint au développem­ent durable Jacob Martin-malus à Steeve Audet.

« Steeve Audet semble avoir la même attitude. Tous ces courriels, c’est exactement ça qu’on dénonçait. La façon dont le ministère de la Forêt utilise un veto administra­tif, c’est inacceptab­le », déplore-t-il.

En 2019, l’organisme citait des sources pour affirmer que le ministère de la Forêt bloquait le processus de création de 83 projets d’aires protégées — qui n’ont finalement jamais vu le jour — notamment en refusant de donner de simples cartes forestière­s.

« Ils ne répondent pas, ils retardent, ils ne fournissen­t pas l’informatio­n qu’ils devraient. Au lieu de se faire en 2-3-4 ans, une aire protégée pouvait prendre 10-15 ans », dit-il.

« ON AVAIT RAISON »

Mais la sortie de l’organisme est mal reçue : Action boréale perd voix au chapitre sur la question de la protection du caribou forestier.

« On avait raison », dit-il.

Il affirme qu’aujourd’hui, plusieurs fonctionna­ires du ministère de la Forêt dans les régions du Québec sont carrément gênés de l a tournure des évènements.

« Pendant 10 ans, on a négocié pour arriver à ces projets de 83 aires protégées. Et finalement, dans le bunker, ils ont décidé que ça ne se faisait pas. Ceux qu’on voit aujourd’hui disent qu’eux aussi se sont fait avoir », dit-il.

Newspapers in French

Newspapers from Canada