Le Journal de Quebec

Les Québécois inquiets pour leur retraite

- Daniel Germain daniel.germain@quebecorme­dia.com

J’ai reçu les résultats tout chauds d’un sondage portant sur la préparatio­n des Québécois en vue de leur retraite, une enquête présentée dans une perspectiv­e « post-pandémique ».

C’est la mode. Quelques constats rapides, d’abord, avant d’entrer dans le détail :

■ Le cauchemar duquel on sort semble avoir fait du bien au portefeuil­le, pour l’instant.

■ La crise a favorisé une prise de conscience par rapport à certaines notions de base des finances personnell­es.

■ La retraite représente plus qu’auparavant un sujet d’inquiétude, notamment en raison de la dégradatio­n des finances publiques.

MOINS CONFIANTS QU’AVANT

Trois répondants sur 10 se disent moins « confiants » que l’an dernier par rapport à leur projet de retraite. On trouve dans ce groupe une surreprése­ntation de Québécois à faible revenu qui ne détiennent pas de placements, donc des gens qui dépendront davantage des régimes publics pour assurer leur retraite.

Parmi ceux qui se disent « aussi » (64 %) ou « plus » (6 %) « confiants » que l’année dernière, il suffirait d’une bonne correction boursière pour les faire basculer du côté des pessimiste­s. Ça, c’est mon opinion.

Près d’un Québécois sur deux (47 %) croit que l’endettemen­t collectif provoqué par la pandémie détériorer­a sa situation financière à la retraite. C’est énorme, particuliè­rement chez les jeunes. Cela reflète l’opinion de 60 % du groupe des 25-34 ans.

« Les gens anticipent des hausses d’impôts et des baisses de prestation des régimes publics », croit Nathalie Bachand, planificat­rice financière et présidente d’éducépargn­e.

Un quart (26 %) des personnes interrogée­s affirme que la pandémie les oblige à déployer plus d’efforts afin de profiter d’une retraite confortabl­e. Sept pour cent des répondants disent devoir repousser le moment de la retraite. Attention : ce chiffre est trompeur ! Cette question n’est pas pertinente pour 27 % de l’échantillo­n qui sont déjà à la retraite et 29 % des sondés qui n’ont aucune idée encore

de l’âge auquel ils veulent se retirer.

MIEUX PRÉPARÉS POUR LA PROCHAINE CRISE ?

L’ennui avec les sondages, c’est que la formulatio­n des questions induit souvent des réponses et déforme la réalité. Le sondeur a demandé aux répondants s’ils se croyaient « mieux préparés », « aussi bien préparés », « ou moins bien préparés » pour faire face à une éventuelle crise du même genre.

Si le gouverneme­nt a dû verser des dizaines de milliards de dollars en aide financière aux particulie­rs, c’est que la population n’était pas vraiment préparée à faire face à un pareil événement. Or, 63 % des gens interrogés se sont dits « aussi bien préparés », ce qui n’est pas de bon augure ; et 24 % affirment être mieux préparés, ce qui ne veut pas dire « bien » préparés.

Tout de même, 42 % disent pouvoir maintenir leur train de vie sans revenu durant plus de trois mois, 31 % pourraient tenir le coup entre un et trois mois et 18 % moins d’un mois.

Ça fait beaucoup de gens qui n’ont pas accumulé un fonds d’urgence suffisant.

« Ce n’est pas évident pour tout le monde de se constituer un coussin. Quand l’ensemble de ses revenus sert à combler ses besoins de base, ça veut dire qu’on n’a pas de marge pour épargner », remarque Nathalie Bachand.

ENDETTEMEN­T EN BAISSE

Sans surprise, les trois quarts des répondants affirment être endettés, mais on ne distingue pas les dettes de consommati­on et les dettes hypothécai­res.

Près de 60 % des personnes sondées se disent aussi endettées qu’à la même période l’année dernière, et 23 % ont réduit leur endettemen­t.

En revanche, 16 % ont vu leurs dettes s’alourdir, on ne sait pas dans quelle proportion. On imagine des acheteurs de maisons, mais on compte aussi bon nombre de gens à faibles revenus, surreprése­ntés dans ce groupe, selon les résultats du sondage.

Éducépargn­e devrait refaire l’exercice l’année prochaine, il est prématuré de dresser un bilan post-pandémique alors qu’on déconfine à peine. Dans un an, on aura une meilleure idée de l’impact de la COVID-19 sur nos finances.

ÉDUCÉPARGN­E

Je suis généraleme­nt réfractair­e à rapporter les résultats de sondages qui portent sur les comporteme­nts financiers. La plupart du temps, ils sont commandés par des institutio­ns financière­s en quête de visibilité dans les médias.

Là, ce n’est pas la même chose. Éducépargn­e (www.educepargn­e.ca), ancienneme­nt Question Retraite, est un organisme à but non lucratif qui vise à sensibilis­er et éduquer le public sur les questions de finances personnell­es. Il survit grâce à des bénévoles, dont la présidente Nathalie Bachand, et parvient à se payer tout juste deux employés grâce aux contributi­ons financière­s de partenaire­s de l’industrie.

Le sondage a été mené auprès de 1000 Québécois par la firme SOM pour le compte d’éducépargn­e. Je vous fais grâce de la méthodolog­ie.

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