Le Journal de Quebec

La gageure du 3e lien

- RÉMI NADEAU

Avant d’arrêter le choix final du projet de troisième lien tel que présenté, le gouverneme­nt Legault a évalué différents scénarios, dont celui d’un pont à la hauteur de D’estimauvil­le qui aurait été jumelé à un tunnel sur la rive sud.

Le ministre des Transports, François Bonnardel, a refusé jusqu’ici de détailler les autres options analysées par l’équipe caquiste, qui mise finalement sur un large et coûteux tunnel à deux paliers, largement critiqué.

Des sources gouverneme­ntales soutiennen­t qu’en retournant un maximum de pierres, la constructi­on d’un pont ancré dans le secteur D’estimauvil­le a été soupesée. Le hic, c’est qu’il aurait abouti dans des quartiers résidentie­ls sur l’autre rive.

Ce scénario aurait donc impliqué le forage d’un tunnel pour permettre aux usagers de rejoindre l’autoroute du côté sud, sous la terre.

En tenant compte des aménagemen­ts importants des deux côtés du pont, la facture se serait élevée quand même à 6 milliards $, selon nos informatio­ns.

Et l’offre de transport en commun aurait été bien en deçà de ce que permet le tunnel intégré au réseau de tramway, avec stations souterrain­es à Québec.

LA GAGEURE

Au gouverneme­nt, on reconnaît que les besoins actuels justifient difficilem­ent un investisse­ment pouvant atteindre 10 milliards $.

Il y a donc assurément un côté « construise­z-le et ils viendront » dans la décision de Québec, qui rappelle le film Fields of dreams.

C’est la fameuse « gageure » évoquée par François Legault. Les caquistes disent avoir choisi la solution la plus porteuse pour l’avenir et qui entraîne le moins d’impacts négatifs.

Mais l’effet sur la circulatio­n à la sortie nord du tunnel, la crainte d’étalement urbain et le coût sont décriés par les partis d’opposition.

LE RETOURNEME­NT AU PLQ

Les libéraux de Dominique Anglade ont décidé de condamner fermement ce tunnel, alors qu’ils s’étaient prononcés pour un troisième lien avant la dernière élection et avaient créé le bureau de projet.

En mai 2018, le député Patrick Huot avait même affirmé : « Quand on regarde à long terme à Québec, c’est impossible d’être contre un troisième lien, c’est fondamenta­l, ça en prend un. »

Aujourd’hui, l’ex-élu dirige le cabinet de la cheffe de l’opposition officielle.

Et Mme Anglade demande maintenant que les besoins pour un troisième lien soient démontrés.

Tout ça est pour le moins difficile à concilier.

Il n’est jamais très confortabl­e de se retrouver assis sur la clôture.

On ne peut faire un projet d’envergure de mobilité sans aucun impact. Si le tracé et le projet actuels sont farfelus, alors où, diable, faire un troisième lien ? Si les libéraux n’ont pas de réponse, aussi bien dire clairement qu’ils n’y croient plus.

Il y a assurément un côté « build and they will come » dans la décision de Québec.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada