Le Journal de Quebec

« Ça n’arrive pas juste aux autres »

Son fils de 3 ans a failli se noyer dans la piscine familiale

- ELSA ISKANDER

Après avoir eu la peur de sa vie, une famille de Lac-beauport souhaite rappeler l’importance de la prévention des noyades : son enfant a évité le pire, notamment grâce à la réaction rapide des parents.

« Je sais que c’est la chose qu’on dit tout le temps : mais ça n’arrive pas juste aux autres », insiste Myrka Dionne, dont le fils a été rescapé de la noyade plus tôt ce mois-ci.

Le garçon de trois ans est tombé dans la piscine du domicile familial, mais s’en est heureuseme­nt sorti indemne et ne conserve pas de séquelles.

« On travaillai­t sur le terrain. On est allés ramasser 2-3 petites choses, puis en se retournant on ne le voyait plus », relate Mme Dionne. Les parents se sont mis à le chercher rapidement.

« Ça va tellement vite. À un moment donné j’ai crié à mon chum : “Va voir dans la piscine !” » raconte la mère, qui a été secouée par les évènements.

« UNE MINUTE, C’EST ASSEZ »

Des travaux avaient déjà été entrepris pour rendre la plateforme de la piscine hors terre plus sécuritair­e, mais l’installati­on de la porte n’était pas terminée. Habituelle­ment, celle-ci est barrée.

« Une minute, c’est assez pour que les enfants se rendent là, c’est vraiment pas long », rappelle Mme Dionne.

« Tout de suite mon conjoint a eu le réflexe de faire la respiratio­n artificiel­le. » Le garçon qui était inconscien­t s’est remis à respirer.

Les secours ont été appelés et il a été transporté à l’hôpital, mais les parents n’étaient pas au bout de leurs peines.

Au début, « il respirait mais il ne parlait pas et il avait les yeux dans le vide », se souvient la mère. Cela a pris plusieurs heures avant que l’enfant recommence à réagir.

Aujourd’hui, il se porte très bien, assuret-elle. « Il va encore aller se baigner dans la piscine, il n’est pas traumatisé, lui. »

Et les parents ? « Ça va mieux », soupire Mme Dionne. « Heureuseme­nt, tout est bien qui finit bien dans notre histoire, mais on a eu la peur de notre vie honnêtemen­t. »

« Dans la première heure que j’ai passée dans l’ambulance, à l’urgence, aux soins intensifs, je n’arrêtais pas de me répéter : vous avez le droit de me juger, ça n’a pas de bon sens que ça arrive encore après tout ce qu’on entend », confie-t-elle.

« Mais ça arrive encore. »

MANOEUVRES DE RÉANIMATIO­N

Si la mère a souhaité témoigner, c’est surtout pour rappeler l’importance de la prévention et de la vigilance. « Il faut se donner tous les moyens possibles pour ne pas que ça arrive. »

Elle encourage tous les parents à apprendre les manoeuvres de réanimatio­n. « Les médecins nous l’ont tous répété que c’était nous qui lui avions sauvé la vie. Ça arrive trop souvent qu’il y ait des parents qui figent ou qui ne savent pas comment réagir ou qui attendent les secours. »

Un système d’alarme a aussi été installé pour détecter toute chute dans l’eau.

« La noyade chez un enfant c’est de 15 à 30 secondes et c’est un phénomène silencieux », signale Raynald Hawkins, directeur général de la division québécoise de la Société de sauvetage. « Lorsqu’elle n’est pas ouverte pour la baignade, la piscine doit être inaccessib­le », dit-il.

Durant la baignade, la surveillan­ce ininterrom­pue d’un adulte s’impose : « On ne peut pas faire une autre tâche que de surveiller, telle que le télétravai­l, le jardinage, s’amuser avec son téléphone intelligen­t ou lire un roman ».

En date du 28 mai, la Société de sauvetage a recensé 17 noyades au Québec en 2021. En 2020 et en 2019, 95 et 59 noyades ont été rapportées.

 ?? PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E ?? Myrka Dionne devant la piscine où son fils de 3 ans a failli se noyer.
PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Myrka Dionne devant la piscine où son fils de 3 ans a failli se noyer.

Newspapers in French

Newspapers from Canada