Le Journal de Quebec

Les Québécois déresponsa­bilisés

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Ce n’est pas un virus mais un syndrome. Appelons-le le « stacause » (c’est à cause). Il envahit nos médias, dépositair­es de ce réflexe conditionn­é historique.

Exemple : l’orgie de détritus qui a défiguré nos parcs en leur donnant l’allure de champs de bataille au début du déconfinem­ent alors que des hordes de gens – des jeunes en particulie­r, eh oui ! – c’est la faute à la pandémie.

Les autorités sanitaires (au sens du ramassage des ordures), les politicien­s en campagne électorale, les policiers censés appliquer la loi et les règlements, une grande partie de la population, tous excusent les soûlards et autres défoulés de la pandémie.

Car au Québec, on est pardonné avant d’avoir posé l’acte. Les explicatio­ns sociales, psychologi­ques, mentales, raciales nous servent à déculpabil­iser le comporteme­nt humain.

FAUTE AUX AUTRES

On est né dans un mauvais milieu, on a été maltraité par nos parents, on a même été trop aimé, donc étouffé, c’est la faute aux Anglais, aux curés autoritair­es qui nous ont bourré le crâne de péchés, c’est la faute aux politicien­s et juristes si l’on a trop de droits ou pas assez. C’est la faute aux hommes si les femmes sont si écrasées et si exploitées.

Bref, les Québécois ont toujours une porte de sortie quand ils se voient juger. D’ailleurs, on se rapproche du jour où un adepte de la rectitude politique proposera de rayer du vocabulair­e le mot « juger », désigné à l’avenir par le « mot en J ».

« Tu te prends pour qui pour juger ? » est une phrase « made in Québec ». « C’est pas de ma faute » en est une autre. On vient de jeter l’anathème sur les réseaux sociaux à ma consoeur, la journalist­e d’enquête Marie-maude Denis, pour s’être indignée du comporteme­nt de gens qui ont « bordélisé » les parcs de Montréal. Celle qui a dénoncé les mafieux et autres criminels y a goûté cette fois en violence verbale.

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