Le Journal de Quebec

Quoifaireq­uand ta famille te renie ?

- LOUISE DESCHÂTELE­T T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis l’aînée d’une famille de quatre enfants, tous adultes et parents à notre tour. Notre enfance dans un clan où la paix était absente pour cause de parents en perpétuel conflit n’a pas favorisé l’harmonie. D’autant moins que j’étais l’alliée de ma mère et que les trois autres se sont vite rangés derrière notre père, qu’ils voyaient comme le perdant de l’équation.

Notre père est décédé dans la jeune soixantain­e sans jamais avoir eu le courage de quitter la femme « difficile à vivre » qu’a toujours été ma mère à ses yeux. À partir de ce moment, la famille s’est comme disloquée, puisque mes deux frères et ma soeur ont plus ou moins décidé d’abandonner notre mère à son sort en ne la fréquentan­t que par obligation une ou deux fois par année.

De mon côté, je tenais à maintenir un lien étroit avec elle, car elle se retrouvait isolée. Je ne peux pas dire qu’elle m’ait rendu la vie facile, mais je croyais de mon devoir de persister à la soutenir. Devant ma constance à m’occuper de ma mère au fil du temps, les autres se sont peu à peu éloignés de moi en même temps que d’elle. Quand elle est morte il y a deux ans, ils sont bien sûr venus passer quelques heures au salon et assister à la cérémonie funèbre, mais ils ont vite déchanté quand ils ont appris que j’étais, avec mon mari et mes enfants, la seule héritière de ses biens.

Ils m’ont traitée de voleuse d’héritage, mais surtout ils m’ont accusée d’avoir cherché à les spolier en ne refusant pas comme eux de punir notre mère pour ce qu’elle avait fait subir à notre père pendant tant d’années. Et depuis, ils refusent de m’adresser la parole. Tout ça pour quelques milliers de dollars et de vieux meubles ! Même si je considère avoir mérité cet héritage et que mon mari ne veut pas que je le fasse, pensez-vous que de le partager avec eux les ramènerait à de meilleurs sentiments pour moi ?

Une qui voudrait être

aimée des siens

Il se peut que ce genre de partage dispose mieux vos frères et votre soeur à votre égard, mais est-ce vraiment là le noeud du désaccord entre vous ? Le clivage remonte à bien avant ce legs. Il remonte à votre volonté d’épauler votre mère dans son veuvage, alors que les trois autres ont choisi de lui faire payer pour ce que vous identifiez comme un comporteme­nt inadéquat envers son mari, votre père.

Bien que le temps dans ce genre de conflit familial fasse plus de tort que de bien, ne pensez-vous pas que de faire un effort pour tenter de nettoyer ce dossier avec eux jouerait un rôle plus important dans votre tentative de réconcilia­tion ?

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