Le Journal de Quebec

Le bâton et la carotte pour les cimenterie­s

Des normes écologique­s et beaucoup d’aide du fédéral

- OLIVIER BOURQUE

Ottawa veut s’attaquer aux gros pollueurs comme Lafarge et Ciment Mcinnis afin qu’ils mettent en place des normes pour rendre leur ciment plus écologique. Une initiative que le fédéral ne chiffre pas, mais l’industrie profitera des deniers publics pour se verdir.

« On veut les forcer à utiliser des technologi­es propres pour réduire leur empreinte carbone à court terme et je veux m’assurer à long terme qu’on soit dans la carboneutr­alité », a indiqué le ministre fédéral de l’industrie François-philippe Champagne en entrevue au Journal.

La stratégie sera détaillée d’ici la fin de l’année. Mais dans l’essentiel, Ottawa a signé une déclaratio­n avec les grands producteur­s de ciment qui vise la diminution de 15 mégatonnes de leurs émissions cumulative­s d’ici 2030 et quatre mégatonnes par année afin d’arriver à zéro GES en 2050.

PROGRAMMES EXISTANTS

Le ministre Champagne affirme que la stratégie va s’implanter avec les « programmes existants » notamment ce qui avait été annoncé dans le dernier budget. « On ne parle pas d’argent public. Cette initiative va se faire à travers des programmes qui existent déjà comme, par exemple, le Conseil canadien des normes », a-t-il souligné.

Or, les cimentiers pourront tout de même obtenir de l’aide gouverneme­ntale à travers différents programmes déjà mis en place par le gouverneme­nt fédéral.

D’ailleurs, dans la déclaratio­n commune, Ottawa souligne que l’une des priorités est de s’assurer que l’industrie canadienne du ciment puisse bénéficier « d’un traitement rapide des demandes de financemen­t et d’un soutien en appliquant (SIC) pour les initiative­s gouverneme­ntales » comme le Fonds accélérate­ur net zéro.

LES ENVIRONNEM­ENTALISTES SCEPTIQUES

Selon Greenpeace, l’industrie du ciment devrait assumer les coûts de la pollution qu’elle crée. « L’industrie devrait payer pour sa pollution, ce qu’elle ne fait pas actuelleme­nt. On n’a aucune clarté, on ne sait pas qui va payer quoi », se questionne Patrick Bonin de Greenpeace Canada.

L’organisati­on environnem­entale ne croit d’ailleurs pas que l’industrie du ciment puisse arriver à réduire totalement ses émissions.

« C’est impossible d’être carboneutr­e dans la production de béton. On craint de rejouer dans le même film, celui où le gouverneme­nt Trudeau achète un pipeline et dit on va compenser les émissions en achetant des arbres », a ironisé M. Bonin.

Le ministre Champagne dit être au courant des critiques, mais il voulait, tout de même, amorcer la décarbonis­ation de l’industrie.

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PHOTO AGENCE QMI, ANDRÉ PAQUETTE Le quai de la cimenterie Mcinnis, à PortDaniel-gascons, en Gaspésie, vu des airs, en mars.

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