Le Journal de Quebec

Saura-t-on jamais la vérité sur l’origine de la COVID ?

- NORMAND LESTE normand.lester@quebecorme­dia.com

Le président Biden a donné aux services secrets des États-unis 90 jours pour découvrir si la COVID-19 est due à une fuite accidentel­le de l’institut de virologie de Wuhan. Ou si elle a été transmise à l’homme par un animal infecté, chauve-souris ou pangolin, dans un « marché humide » en plein air de la ville.

Au départ, il y avait un consensus scientifiq­ue voulant que le virus provînt d’un contact humain, comme ce fut le cas pour l’épidémie de SRAS de 2002. Étrange coïncidenc­e quand même que la pandémie de COVID-19 éclate dans la ville qui abrite le centre de recherche chinois sur les virus.

PROPAGATIO­N NATURELLE OU FUITE DE LABO ?

La théorie « fuite de laboratoir­e » postule que des chercheurs de Wuhan, qui étudient les coronaviru­s ou même les modifient pour mieux les comprendre, ont par inadvertan­ce causé leur propagatio­n.

Trump a utilisé cette hypothèse pour détourner l’attention de son incompéten­ce à combattre la pandémie aux États-unis, se délectant à attiser la xénophobie anti-chinoise. D’autres républicai­ns sont même allés jusqu’à alléguer que la proliférat­ion du virus à travers le monde était intentionn­elle.

Transformé­e par Trump et ses alliés en une théorie du complot à connotatio­n raciste, les scientifiq­ues ont pris leur distance, ne voulant pas être associés à une telle opération de propagande.

Parmi les infos qui ont relancé la thèse des fuites, le Wall Street

Journal a découvert récemment que trois chercheurs du labo de Wuhan avaient été hospitalis­és avec des symptômes apparentés en novembre 2019, un mois avant que la Chine ne signale les premiers cas.

Par son attitude obstructio­nniste, refusant de coopérer à une enquête internatio­nale, la Chine a éveillé les soupçons. L’enquête pathétique­ment inadéquate de l’organisati­on mondiale de la santé a aussi contribué à renforcer la thèse des fuites en laboratoir­e.

Pour l’instant, il faut le souligner, aucun nouvel élément de preuve n’est venu conforter cette théorie. Ce qui a changé, ce sont les appels de scientifiq­ues réputés et de l’administra­tion Biden, pour une enquête approfondi­e.

Mais ce serait vraiment étonnant que des scientifiq­ues chinois osent faire des révélation­s publiques qui contredira­ient la ligne officielle, soulevant ainsi la colère du régime communiste chinois.

Refusant de coopérer à uneenquête­internatio­nale, la Chine a éveillé les soupçons.

LES É.-U. FINANÇAIEN­T DES RECHERCHES VIRALES À WUHAN

Il est intéressan­t de noter que les services de renseignem­ent américains pourront extrapoler beaucoup d’informatio­ns intéressan­tes des contrats de recherches sur la propagatio­n des virus que les États-unis ont accordées à l’institut de virologie de Wuhan. On sait aussi que ce laboratoir­e a fait des expérience­s virales sur des animaux pour l’armée chinoise depuis au moins 2017.

Comment protéger la planète de futures pandémies, lorsque les règles concernant la recherche scientifiq­ue ne peuvent être raisonnabl­ement appliquées et leur causalité établie à cause de l’obstructio­n d’un État totalitair­e ?

Il faut craindre que la seule façon de se protéger à l’avenir des risques épidémique­s sera un renforceme­nt des contrôles aux frontières. Mettre la mondialisa­tion en marche arrière ne déplaira pas à tout le monde.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada