Le Journal de Quebec

Québec prêt à prendre des mesures afin de contrer les espions de Pékin

« AU MINIMUM, NOS CHERCHEURS ET NOS UNIVERSITÉ­S NE DEVRAIENT PAS COLLABORER AVEC DES UNIVERSITÉ­S ET INSTITUTS MILITAIRES CHINOIS » – Margaret Mccuaig-johnston, ancienne v.-p. du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG)

- FRANCIS HALIN – Avec Marc-andré Sabourin, Bureau d’enquête

Le gouverneme­nt Legault n’exclut pas d’ajouter « des mécanismes de protection et de contrôle » comme l’alberta pour protéger les université­s québécoise­s des visées de la Chine, a appris Le Journal.

« Le Québec demeure vigilant et continue de sonder les parties concernées afin d’être bien informé des situations qui pourraient être problémati­ques, comme celles observées en Alberta. Des mécanismes de protection et de contrôle additionne­ls pourraient également s’ajouter », a confirmé au Journal Mathieu St-amand, attaché du ministre de l’économie et de l’innovation , Pierre Fitzgibbon.

« Je pense que la réaction du gouverneme­nt du Québec est très positive parce qu’ils sont ouverts à des mesures additionne­lles », a salué de son côté Margaret Mccuaig-johnston, ancienne vice-présidente du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

Alors qu’au Québec nos université­s multiplien­t leurs partenaria­ts avec la Chine, le gouverneme­nt de l’alberta a demandé aux quatre principale­s université­s de la province de les suspendre.

Selon le Globe and Mail, les États-unis s’inquiétaie­nt des collaborat­ions entre des chercheurs albertains et des chercheurs liés au gouverneme­nt chinois dans des domaines sensibles comme les biotechnol­ogies et l’intelligen­ce artificiel­le.

« Je suis profondéme­nt préoccupé par le vol potentiel de la propriété intellectu­elle canadienne et par le fait que les partenaria­ts de recherche avec la République populaire de Chine peuvent être utilisés par les agences militaires et de renseignem­ent chinoises. Il faut en faire plus », a déclaré au Journal Demetrios Nicolaides, ministre albertain de l’éducation supérieure.

Dans une lettre aux institutio­ns, il a précisé que les craintes de l’alberta étaient envers le gouverneme­nt chinois et non visà-vis des citoyens du pays.

INDIVIDUS ET ORGANISATI­ONS

Interrogé à ce sujet, le cabinet de son homologue québécoise a renvoyé la balle au ministre de l’économie et de l’innovation (MEI).

« Le gouverneme­nt n’accepterai­t [pas] qu’une situation telle que celle survenue en Alberta se produise dans les université­s du Québec », a tranché Mathieu St-amand, attaché de Pierre Fitzgibbon.

Pour Margaret Mccuaig-johnston, le Québec doit s’assurer que ses université­s ne collaboren­t pas avec des entreprise­s et individus liés à l’appareil de sécurité chinois.

« Les Québécois ne voudraient pas que l’argent des contribuab­les aide l’armée chinoise », plaide l’ex-sous-ministre adjointe fédérale des Finances.

« Il n’y a pas que des liens d’université à université, mais aussi de chercheur à chercheur », ajoute celle qui a travaillé 37 ans dans la fonction publique.

À Ottawa, le cabinet du ministre de l’innovation, des Sciences et de l’industrie (ISDE), François-philippe Champagne, a dit attendre un rapport sur la question, prévu fin juin.

« Les activités d’espionnage et d’ingérence étrangère réalisées par des personnes ou à travers le cyberespac­e posent de réelles menaces à l’intégrité de la recherche canadienne, à la propriété intellectu­elle et aux intérêts commerciau­x », conclut son porte-parole John Power.

 ?? PHOTO MARC DESROSIERS ?? Margaret Mccuaig-johnston est d’avis que nos chercheurs peuvent collaborer avec la Chine dans des secteurs sécuritair­es, comme l’environnem­ent et certaines technologi­es médicales, mais qu’il faut d’abord avoir des faits sous la main avant de conclure des partenaria­ts dans des domaines sensibles.
PHOTO MARC DESROSIERS Margaret Mccuaig-johnston est d’avis que nos chercheurs peuvent collaborer avec la Chine dans des secteurs sécuritair­es, comme l’environnem­ent et certaines technologi­es médicales, mais qu’il faut d’abord avoir des faits sous la main avant de conclure des partenaria­ts dans des domaines sensibles.

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