Québec prêt à prendre des mesures afin de contrer les espions de Pékin
« AU MINIMUM, NOS CHERCHEURS ET NOS UNIVERSITÉS NE DEVRAIENT PAS COLLABORER AVEC DES UNIVERSITÉS ET INSTITUTS MILITAIRES CHINOIS » – Margaret Mccuaig-johnston, ancienne v.-p. du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG)
Le gouvernement Legault n’exclut pas d’ajouter « des mécanismes de protection et de contrôle » comme l’alberta pour protéger les universités québécoises des visées de la Chine, a appris Le Journal.
« Le Québec demeure vigilant et continue de sonder les parties concernées afin d’être bien informé des situations qui pourraient être problématiques, comme celles observées en Alberta. Des mécanismes de protection et de contrôle additionnels pourraient également s’ajouter », a confirmé au Journal Mathieu St-amand, attaché du ministre de l’économie et de l’innovation , Pierre Fitzgibbon.
« Je pense que la réaction du gouvernement du Québec est très positive parce qu’ils sont ouverts à des mesures additionnelles », a salué de son côté Margaret Mccuaig-johnston, ancienne vice-présidente du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).
Alors qu’au Québec nos universités multiplient leurs partenariats avec la Chine, le gouvernement de l’alberta a demandé aux quatre principales universités de la province de les suspendre.
Selon le Globe and Mail, les États-unis s’inquiétaient des collaborations entre des chercheurs albertains et des chercheurs liés au gouvernement chinois dans des domaines sensibles comme les biotechnologies et l’intelligence artificielle.
« Je suis profondément préoccupé par le vol potentiel de la propriété intellectuelle canadienne et par le fait que les partenariats de recherche avec la République populaire de Chine peuvent être utilisés par les agences militaires et de renseignement chinoises. Il faut en faire plus », a déclaré au Journal Demetrios Nicolaides, ministre albertain de l’éducation supérieure.
Dans une lettre aux institutions, il a précisé que les craintes de l’alberta étaient envers le gouvernement chinois et non visà-vis des citoyens du pays.
INDIVIDUS ET ORGANISATIONS
Interrogé à ce sujet, le cabinet de son homologue québécoise a renvoyé la balle au ministre de l’économie et de l’innovation (MEI).
« Le gouvernement n’accepterait [pas] qu’une situation telle que celle survenue en Alberta se produise dans les universités du Québec », a tranché Mathieu St-amand, attaché de Pierre Fitzgibbon.
Pour Margaret Mccuaig-johnston, le Québec doit s’assurer que ses universités ne collaborent pas avec des entreprises et individus liés à l’appareil de sécurité chinois.
« Les Québécois ne voudraient pas que l’argent des contribuables aide l’armée chinoise », plaide l’ex-sous-ministre adjointe fédérale des Finances.
« Il n’y a pas que des liens d’université à université, mais aussi de chercheur à chercheur », ajoute celle qui a travaillé 37 ans dans la fonction publique.
À Ottawa, le cabinet du ministre de l’innovation, des Sciences et de l’industrie (ISDE), François-philippe Champagne, a dit attendre un rapport sur la question, prévu fin juin.
« Les activités d’espionnage et d’ingérence étrangère réalisées par des personnes ou à travers le cyberespace posent de réelles menaces à l’intégrité de la recherche canadienne, à la propriété intellectuelle et aux intérêts commerciaux », conclut son porte-parole John Power.