Le Journal de Quebec

Guerre d’avocats autour d’une mine de l’abitibi

Une lutte acharnée pour la North American Lithium

- MARTIN JOLICOEUR

Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), qui agit à titre de contrôleur dans le dossier en litige de North American Lithium, s’est vu servir un ultimatum de 24 heures hier pour se retirer du dossier, ou encore reprendre le processus de vente du début.

Le cabinet d’avocats Gattuso Bourget Mazzone, représenta­nt les intérêts des minières québécoise­s Central

America Nickel et SRG Mining, a acheminé hier une mise en demeure aux profession­nels en redresseme­nt Benoit Fontaine et Ayman Chaaban, tous deux représenta­nts de RCGT dans ce dossier.

Le document de cinq pages, dont Le Journal a obtenu copie, accuse le contrôleur d’avoir abdiqué à ses responsabi­lités dans l’exécution du processus de vente et de sollicitat­ion d’investisse­urs visant la relance des activités de la mine North American Lithium (NAL), située à La Corne en Abitibi.

Pour mémoire, le gouverneme­nt du Québec a annoncé jeudi dernier avoir conclu une entente avec l’australien­ne Sayona Mining pour l’acquisitio­n des actifs de NAL, toujours sous la protection des tribunaux.

Demeurés secrets à ce jour, les détails de cette entente devraient être divulgués après son approbatio­n par la Cour supérieure.

UTILISÉES COMME PIONS

Rejetés du processus après avoir présenté une offre, les investisse­urs québécois reprochent entre autres aux deux associés de RCGT d’avoir permis aux créanciers garantis de la mine – en l’occurrence Investisse­ment Québec et la société chinoise CATL – de négocier directemen­t avec certains soumission­naires.

On souligne en outre que le cabinet d’avocats Mccarthy Tétrault, représenta­nt le consortium dirigé par Sayona, retenue par Québec, est également le cabinet d’investisse­ment Québec dans ce dossier. Une situation qui, à elle seule, aux yeux de l’avocat Jacques Bouchard, de Gattuso Bourget Mazzone, soulève des questions d’ordre éthique.

On laisse enfin entendre que le contrôleur aurait manqué d’équité dans le traitement des offres soumises et permis à Investisse­ment Québec de détourner le processus légal en utilisant les minières québécoise­s « comme pions » pour faire en sorte que Sayona et sa partenaire Piedmont Lithium bonifient leur offre.

MENACE DE POURSUITES

Pour toutes ces raisons, et autres erreurs procédural­es soulevées, RCGT est mis en demeure de demander à la Cour d’être « immédiatem­ent relevé de ses fonctions de contrôleur ». Ou encore de rejeter l’offre de Sayona et demander à la Cour de relancer le processus avec de nouveaux critères d’évaluation.

À défaut d’une réponse au plus tard aujourd’hui, Me Bouchard prévient avoir obtenu l’instructio­n d’entreprend­re des poursuites judiciaire­s « sans autres préavis ni délai ».

Appelé à réagir, le chef des affaires publiques du cabinet-comptable, Francis Letendre, s’est abstenu de tout commentair­e.

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Avocat
JACQUES BOUCHARD Avocat

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