Recherché pour vol de série
Le sport est magique. La culture aussi.
Imaginez une femme dans la jeune trentaine qui rogne les bouts de croûtes de pain, qui propose son manuscrit à toutes les maisons d’édition pour se le faire refuser une fois après l’autre et qui vit soudain le plus grand succès littéraire de l’histoire.
La semaine de la sortie de Harry Potter, Joanne Rowling s’est-elle rendu compte du bouleversement invraisemblable que connaîtrait sa vie ?
Il y a une semaine, le Canadien perdait honteusement 4 à 0 et les vannes de la colère populaire et médiatique s’ouvraient sur l’organisation. De Geoff Molson à Carey Price.
RETOUR À LA NORMALE
Une semaine, une toute petite semaine plus tard, ils sont redevenus nos Glorieux. Carey Price se dirige droit vers Dominique Ducharme pour lui donner la main, Marc Bergevin, toute chevelure balayée par l’émotion affichée par son complet, accueille les joueurs. La vie est belle… au Québec.
Les amateurs sont fiers d’eux. On porte le chandail. L.-P. Neveu consulte trois fois les cotes d’écoute de TVA Sports en se pinçant. Les « talifans » écrivent des lettres bourrées de fautes aux chroniqueurs qui fustigeaient la Flanelle la semaine dernière. Donc, tout revient à la normale.
À Toronto, c’est l’enfer. Les chroniques et les commentaires étaient déjà meurtriers sur les sites des médias professionnels de la Ville Reine une heure après l’élimination des Maple Leafs. Et hier matin, la tempête se levait, balayant toute l’organisation.
Une semaine. Juste une petite semaine.
LA PASSE DE GALCHENYUK
Dans un sport aussi émotif que le hockey, il y a certains jeux qui ont un impact profond sur un match ou encore plus sur une série.
Lors du cinquième match à Toronto, le Canadien a joué du hockey inespéré pendant 40 minutes. Puis, les Leafs ont entamé leur remontée pour forcer une prolongation.
Puis, Alex Galchenyuk qui avait disputé un excellent quatrième match, a montré pourquoi il a fait trois douzaines d’équipe au cours de sa carrière. Il n’a jamais appris certaines bases du métier.
Il a commis l’erreur qui a permis l’invraisemblable échappée à deux hommes vers Jack Campbell. La mauvaise passe. La panne de jugement. La raison pour laquelle il végète d’une équipe à l’autre.
Tout a basculé. Le même Campbell donne un but suicidaire dans un septième match à Brendan Gallagher, et bingo ! Une semaine plus tard, Ducharme et Bergevin avaient sauvé leur job et Carey Price était redevenu un dieu. Presque un Patrick Roy.
Fascinant. La vie mérite d’être vécue et la game d’être jouée même quand Toronto est trop fort !
C’EST DANS LA TÊTE
Et le Canadien est rendu à Winnipeg. Dominique Ducharme n’est plus
coach par intérim. J’aurais aimé être avec les gars hier soir au souper d’équipe. Voir et entendre les conversations, comprendre comment les vétérans comme Eric Staal et Corey Perry s’y sont pris pour ramener les plus jeunes sur terre, comment Shea Weber est sorti de sa réserve habituelle pour faire rire les collégiens qui ont provoqué l’étincelle dans LA semaine.
Saisir comment Dominique Ducharme et les vétérans visent la ligne parfaite. Hyper confiance et peur au ventre de la défaite. Cet état de grâce qui a permis l’élimination des Leafs.
N’oubliez pas que de grands joueurs comme Auston Matthews et Mitch Marner ont complètement été muselés. Bien sûr que Phillip Danault a été extraordinaire. Mais ça veut dire aussi qu’eux, les superstars, n’ont jamais été capables de faire la fusion entre la confiance et la peur. C’est la peur qui a dominé. Dans ce temps-là, la peur paralyse. Le hockey professionnel est fondé sur le talent, la cohésion et le vrai désir de vaincre. La bonne émotion.
Le premier match à Winnipeg risque d’être difficile. Il va y avoir une baisse d’émotion. Ça risque de n’être qu’une partie de hockey. Pas une mission sacrée.
Mais la fin est inéluctable. Le Canadien en six.
J’en donne deux aux
Jets parce que les nuits sont longues à Winnipeg.