Enquête réclamée sur le charnier
Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme appelle Ottawa et les provinces à enquêter sur les décès d’enfants autochtones et à retrouver les disparus.
La découverte des corps de 215 enfants près du pensionnat de Kamloops, en Colombie-britannique, fait la manchette partout dans le monde, du RoyaumeUni à la Thaïlande, en passant par l’espagne, la France, le Bahreïn, Chypre ou Hong Kong.
Si bien que l’affaire n’est pas passée inaperçue au Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Sa porteparole, Marta Hurtado, a pressé hier les autorités canadiennes à mener « des enquêtes rapides et exhaustives » sur les décès et à fouiller toutes les tombes anonymes.
Pour elle, la guérison ne sera pas possible tant que les familles n’auront pas accès aux documents sur les enfants disparus, et que les corps n’auront pas été identifiés.
Offrant l’aide technique des Nations Unies, Mme Hurtado a appelé le premier ministre Trudeau à établir une organisation juridique spéciale, en partenariat avec les communautés autochtones, dans le but de protéger et gérer les lieux de sépulture.
BEAUCOUP D’AUTRES
On dénombre 138 autres pensionnats au pays, dont 12 au Québec, où le dernier, situé à Roberval, a fermé ses portes en 1991.
Les survivants de ces établissements, qui ont témoigné devant la Commission de vérité et réconciliation du Canada, ont été nombreux à relater des décès de leurs petits camarades ou leur disparition soudaine et inexpliquée.
Si bien que l’ex-sénateur Murray Sinclair, qui a présidé la Commission, prévient qu’il faut se préparer à la découverte d’autres charniers similaires à celui de Kamloops.
« FOSSES COMMUNES »
« Certains survivants ont dit avoir vu des enfants être enterrés en grand nombre dans des fosses communes », a-t-il dit dans un message vidéo.
« Nous avons entendu parler d’enfants morts d’accidents, morts sous les coups, morts de s’être enfuis, d’enfants qui se sont enlevé la vie », a-t-il relaté.
Et ce n’est pas tout : « Des survivants ont parlé de nouveau-nés, mis au monde au pensionnat par des jeunes filles enfantées par des prêtres, et délibérément tués, parfois en étant jetés dans la fournaise », a dit le juge Sinclair.
La Commission a produit un rapport spécial sur les enfants disparus et a réclamé des fonds au gouvernement pour enquêter plus en profondeur, mais sa demande a été rejetée.