Le Journal de Quebec

Fitzgibbon a préféré sauver son million $

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Afin de ne pas perdre un million de dollars, Pierre Fitzgibbon préfère quitter son prestigieu­x poste de ministre de l’économie et de l’innovation et ainsi pouvoir conserver les actions des deux entreprise­s privées qu’il n’arrive pas à vendre à un prix « raisonnabl­e » depuis sa nomination au sein du Conseil des ministres.

De concert avec François Legault, c’est cette dramatique option que Fitzgibbon a finalement choisie à la suite de l’ultimatum que lui a servi hier matin la commissair­e à l’éthique, Ariane Mignolet.

De deux choses l’une, laissait-elle entendre, que le ministre Fitzgibbon dispose de ses intérêts dans les entreprise­s Immervisio­n et White Star Capital ou qu’il renonce à son statut de membre du Conseil exécutif, et qu’à titre de député, il place ses intérêts dans les entreprise­s dont il est question dans la présente enquête dans un mandat sans droit de regard ou une fiducie sans droit de regard, en applicatio­n de l’article 18 du code d’éthique de l’assemblée nationale.

RAS LE BOL

Il faut dire que la commissair­e Mignolet en était rendue à son quatrième rapport où elle dénonçait l’entêtement de Fitzgibbon à ne pas se conformer aux règles dudit code d’éthique auxquelles sont assujettis, sans exception, tous les membres du Conseil des ministres.

En fin de compte, après deux années et huit mois, elle en a eu ras le bol de la sempiterne­lle excuse de Fitzgibbon : impossible pour lui, ditil, de trouver un acheteur pouvant lui offrir un « prix raisonnabl­e » pour ses actions dans les deux compagnies privées qu’il détient.

À LA DÉFENSE DE SON MINISTRE

Trouvant fort déplorable la démission de Fitzgibbon de son poste de ministre de l’économie,

François Legault souhaite modifier le code d’éthique de façon à permettre aux députés qui accèdent à un poste de ministre de ne plus être contraints à liquider leurs placements dans des entreprise­s.

François Legault trouve que le Québec se retrouve grandement perdant dans le cadre de cette saga d’éthique. Le gouverneme­nt perd, dit-il, un ministre qui était grandement apprécié par le milieu des affaires. Il perd un homme-clé dans la relance de l’économie au Québec à la suite de la pandémie de COVID-19.

C’est vrai. Mais quand Fitzgibbon a décidé de se lancer en politique, il savait qu’il y avait un code d’éthique à respecter. Le premier ministre Legault savait pertinemme­nt que son futur ministre de l’économie était un homme d’affaires prospère qui devait détenir des placements.

Il était écrit dans le ciel que Fitzgibbon ne pouvait accéder au poste de ministre sans devoir respecter les règles de base du code d’éthique.

IMITER LEGAULT ET MNUCHIN

Il n’avait qu’à imiter son boss, François Legault, qui, pour éviter de se retrouver en situation d’apparence de conflit d’intérêts lors de son accession au pouvoir, avait liquidé tous ses placements dans les entreprise­s. Il s’est contenté de réinvestir son argent, dit-il, dans les obligation­s d’épargne du Québec.

Autre exemple. Lorsque Donald Trump l’a nommé au poste-clé de secrétaire au Trésor, le financier Steven Mnuchin a liquidé ses placements afin d’éviter les apparences de conflit d’intérêts et, surtout, de ne pas soulever la moindre controvers­e au sujet de sa fortune personnell­e.

Pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts financier lorsqu’on devient ministre, rien de mieux que de faire comme François Legault et Steven Mnuchin.

C’est le « prix » à payer pour faire de la politique !

Cela dit, le remplaçant de Fitzgibbon à la tête du ministère de l’économie sera nul autre que le ministre des Finances, Eric Girard. L’ex-banquier chapeauter­a les deux ministères.

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Michel Girard ∫ michel.girard c @quebecorme­dia.com

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