Fitzgibbon quitte le navire en pleine relance économique
Sa démission surprend et inquiète l’ensemble du monde des affaires québécois
Le premier ministre François Legault l’a admis lui-même. La démission de son ministre vedette Pierre Fitzgibbon arrive à un bien mauvais moment alors que s’amorce la relance économique post-pandémie, une inquiétude partagée par le milieu des affaires.
« Tout le secteur est estomaqué. Le ministre Fitzgibbon a été extrêmement solide dans la tourmente. Il a compris les défis, les risques, a mis en place des programmes, des solutions et il a ajusté le tir au fil de la pandémie », a indiqué Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en entrevue avec Le Journal.
Selon lui, le ministre prenait « à coeur les enjeux de la compétitivité des entreprises, la productivité et l’investissement » et ne méritait pas un tel sort.
« D’avoir l’impression qu’on avait exactement l’homme de la situation d’un point de vue économique et de voir que là, pour des raisons politiques alors que personne ne remet en cause son intégrité, qu’on va se priver de ces compétences-là… je vous le dis, le milieu n’en revient pas », a-t-il pesté.
LES MANUFACTURIERS DÉÇUS
Même son de cloche pour les exportateurs et les manufacturiers qui s’inquiètent de ce changement en pleine relance économique.
« Notre secteur apprécie avoir des gens d’affaires au gouvernement. On espère que la situation se règle le plus rapidement possible et que les dossiers continuent à avancer. Parce qu’on est en pleine relance, on a besoin d’avoir le support nécessaire », a estimé Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et Exportateurs.
Pour le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la démission de M. Fitzgibbon « n’est pas une bonne nouvelle » pour le secteur économique. « C’est dommage. Il faisait partie de ceux et celles sur lesquels on s’appuyait pour une relance économique forte », a estimé Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.
À l’instar du premier ministre Legault, les acteurs économiques croient qu’un mécanisme doit être mis en place afin de permettre aux gens d’affaires de se lancer en politique même s’ils détiennent des actifs.
« On doit penser à un outil qui permettrait de mettre en suspens leur rôle de dirigeant ou de propriétaire sans mener nécessairement à une vente de leurs actifs », croit Michel Leblanc.
RECRUTEMENT PLUS DIFFICILE
Même avis pour M. Blackburn qui craint maintenant un problème avec le recrutement de futures candidatures du monde des affaires.
« Si on veut seulement avoir des politiciens de carrière, c’est une chose, mais on a besoin de gens qui ont une expérience du secteur des affaires. Ce serait malheureux que de bonnes candidatures ne puissent pas faire de politique », s’est-il désolé.