Le Journal de Quebec

Fitzgibbon quitte le navire en pleine relance économique

Sa démission surprend et inquiète l’ensemble du monde des affaires québécois

- OLIVIER BOURQUE

Le premier ministre François Legault l’a admis lui-même. La démission de son ministre vedette Pierre Fitzgibbon arrive à un bien mauvais moment alors que s’amorce la relance économique post-pandémie, une inquiétude partagée par le milieu des affaires.

« Tout le secteur est estomaqué. Le ministre Fitzgibbon a été extrêmemen­t solide dans la tourmente. Il a compris les défis, les risques, a mis en place des programmes, des solutions et il a ajusté le tir au fil de la pandémie », a indiqué Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain en entrevue avec Le Journal.

Selon lui, le ministre prenait « à coeur les enjeux de la compétitiv­ité des entreprise­s, la productivi­té et l’investisse­ment » et ne méritait pas un tel sort.

« D’avoir l’impression qu’on avait exactement l’homme de la situation d’un point de vue économique et de voir que là, pour des raisons politiques alors que personne ne remet en cause son intégrité, qu’on va se priver de ces compétence­s-là… je vous le dis, le milieu n’en revient pas », a-t-il pesté.

LES MANUFACTUR­IERS DÉÇUS

Même son de cloche pour les exportateu­rs et les manufactur­iers qui s’inquiètent de ce changement en pleine relance économique.

« Notre secteur apprécie avoir des gens d’affaires au gouverneme­nt. On espère que la situation se règle le plus rapidement possible et que les dossiers continuent à avancer. Parce qu’on est en pleine relance, on a besoin d’avoir le support nécessaire », a estimé Véronique Proulx, PDG de Manufactur­iers et Exportateu­rs.

Pour le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la démission de M. Fitzgibbon « n’est pas une bonne nouvelle » pour le secteur économique. « C’est dommage. Il faisait partie de ceux et celles sur lesquels on s’appuyait pour une relance économique forte », a estimé Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.

À l’instar du premier ministre Legault, les acteurs économique­s croient qu’un mécanisme doit être mis en place afin de permettre aux gens d’affaires de se lancer en politique même s’ils détiennent des actifs.

« On doit penser à un outil qui permettrai­t de mettre en suspens leur rôle de dirigeant ou de propriétai­re sans mener nécessaire­ment à une vente de leurs actifs », croit Michel Leblanc.

RECRUTEMEN­T PLUS DIFFICILE

Même avis pour M. Blackburn qui craint maintenant un problème avec le recrutemen­t de futures candidatur­es du monde des affaires.

« Si on veut seulement avoir des politicien­s de carrière, c’est une chose, mais on a besoin de gens qui ont une expérience du secteur des affaires. Ce serait malheureux que de bonnes candidatur­es ne puissent pas faire de politique », s’est-il désolé.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ?? En décembre 2020, le ministre Pierre Fitzgibbon (à gauche, au côté du premier ministre, François Legault) avait balayé du revers de la main les critiques de la commissair­e à l’éthique. De toute évidence, cette fois-ci, la pression était trop forte.
PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC En décembre 2020, le ministre Pierre Fitzgibbon (à gauche, au côté du premier ministre, François Legault) avait balayé du revers de la main les critiques de la commissair­e à l’éthique. De toute évidence, cette fois-ci, la pression était trop forte.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada