La rivalité gagne en intensité
Le directeur général des Tigres critique ouvertement les Foreurs d’avoir acheminé des vidéos à la ligue
La rivalité entre les Tigres de Victoriaville et les Foreurs de Val-d’or n’est plus seulement sur la glace : elle a atteint le deuxième étage.
Au lendemain d’un quatrième match émotif mardi soir, le directeur général de la formation des Bois-francs, Kevin Cloutier, a tiré à boulets rouges sur son homologue des Foreurs, Pascal Daoust, et sur l’entraîneur-chef, Daniel Renaud, hier.
Le Journal avait tout d’abord contacté Cloutier hier dans le but de parler de son appréciation de l’équipe qu’il a formée. La discussion a toutefois rapidement bifurqué.
« C’est une très bonne série entre deux solides clubs de hockey, a-t-il tout d’abord mentionné. Par contre, je trouve regrettable que le directeur général [Pascal Daoust] et l’entraîneur-chef [Daniel Renaud] passent leur soirée à trouver et inventer des clips vidéo à envoyer à la ligue. Si la série va en sept, les Foreurs vont pouvoir s’ouvrir un club vidéo », a-t-il poursuivi par la suite.
On comprend que le directeur général des Tigres n’a pas aimé que certaines séquences aient été envoyées à la LHJMQ dans le but de faire suspendre des joueurs de son équipe.
Les Foreurs ont d’ailleurs écopé d’une amende de 1000 $ le 29 mai dernier, après que deux séquences vidéo eurent été rejetées par la LHJMQ.
Le règlement prévoit 500 $ d’amende lors de chaque séquence envoyée inutilement, afin d’éviter qu’il y ait exagération.
« C’est un manque de confiance envers leur équipe et surtout envers les décisions rendues sur la glace par les officiels et par notre ligue, a ajouté Cloutier. Remarque que je les comprends d’être très nerveux : tous les experts avaient prédit que cette série serait déjà terminée et pourtant c’est 2-2. »
« JE NE SUIS PAS CINÉASTE »
Appelé à répondre aux propos de son vis-à-vis, Daoust a tenu à se défendre d’envoyer de façon abusive des séquences au Département de la sécurité des joueurs. Selon lui, chaque décision d’envoyer une séquence ou non est entérinée par les propriétaires des Foreurs en raison de l’amende de 500 $ décernée à chaque reprise non concluante.
« Si avec deux envois en quatre matchs on se part un club vidéo, on ne fera pas beaucoup de profit, a-t-il tout d’abord réagi. Ce sont des enfantillages pour détourner notre regard des vraies choses. Pour nous, pour les Tigres, ainsi que pour les 16 autres équipes de la LHJMQ, les vraies choses, c’est la sécurité de nos joueurs. S’il y a matière à entraver la sécurité de nos athlètes, c’est notre devoir de nous en occuper. On a envoyé deux clips en quatre matchs : on est loin d’être dans l’envoi massif. Je ne suis pas cinéaste, je suis directeur général d’une équipe de hockey. »
« ON N’EST PLUS DANS LES ANNÉES 1990 »
Kevin Cloutier n’en avait pas seulement contre Pascal Daoust, d’ailleurs.
« Ce qui est assez spectaculaire aussi, c’est d’entendre l’entraîneur Daniel Renaud continuellement répéter ne pas vouloir parler d’individus, mais plutôt de son concept d’équipe alors que son no 13 [Olivier Picard] n’a été utilisé qu’une seule présence dans tout le match d’hier soir et ce fut en fin de match dans un mandat précis de venir directement à notre banc pour tenter de s’en prendre à un de nos joueurs. Nous ne sommes plus dans les années 1990. Je suis assez déçu de le voir diriger de cette façon. »
Rappel des faits : avec un peu moins de cinq minutes à faire au match no 4, mardi, Picard a effectué sa seule présence du match, qui s’est soldée en une mêlée devant le banc des Tigres de Victoriaville.
Pendant ce temps, Mikhail Abramov marquait, mais le but était refusé en raison des infractions commises juste avant.
IMPACT
Mis, lui aussi, au parfum des déclarations de Cloutier, Daniel Renaud a défendu sa façon de faire, assurant que l’emploi de Picard pour une seule présence en toute fin de match n’était pas dans le but de blesser un adversaire.
« Il [Kevin Cloutier] peut vouloir essayer de comprendre la gestion de notre banc comme il veut. Il reste que le 13, comme il le dit, a un rôle précis. Pour nous, que ce gars-là joue une, zéro ou dix présences, son impact sur le banc et dans le vestiaire est incalculable. Certains partisans se concentrent sur ce qu’ils voient sur la glace, mais toute personne qui fait partie d’une équipe comprend que ça prend toutes sortes d’apports différents dans un collectif. Picard, c’est un gars qui amène un esprit de corps et de positivisme. Ça va au-delà de la quantité de ses présences. Ceci dit, quand je sens qu’on met à risque la sécurité de certains de nos joueurs, ça se peut que je l’utilise en fonction de ça. »
Bref, les hostilités sont lancées. Le match no 5 de la série aura lieu ce soir, à 19 h, au Centre Vidéotron.