Le Journal de Quebec

Les élans de Québec brisés

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Force est de le constater : le supposé grand projet de mobilité durable de la CAQ, qui inclut le tramway, un réseau de voies réservées et un tunnel, a du plomb dans l’aile. Au point que Québec se retrouve plongée dans l’immobilism­e.

Il ne faut pas se faire d’illusions. Ce n’est pas demain matin qu’on verra un tunnel joindre Québec et Lévis. Le projet a beau être l’engagement phare de la CAQ dans la région, il s’avère d’une ampleur telle qu’il en est devenu farfelu, avec des coûts qui s’annoncent hors du commun.

Obtenir le financemen­t du fédéral, avec l’état actuel des finances publiques et surtout le fait que le besoin n’a jamais été démontré, relève de l’utopie.

Certes, l’appui envers le projet demeure majoritair­e sur les rives nord et sud de Québec, mais le sondage commandé par le PQ révèle que les coûts de 10 milliards rebutent bien des Québécois, la moitié s’opposant à sa constructi­on.

Le gouverneme­nt aura beau organiser une conférence de presse bidon pour une première pelletée de terre, un projet ne devient pas concret tant que le financemen­t n’est pas bouclé. Et même quand il l’est, on peut constater, en observant celui de tramway, qu’il peut y avoir encore loin de la coupe aux lèvres.

En attendant, les problèmes de congestion routière à Québec vont continuer de croître.

DÉLAIS COÛTEUX

La Ville de Québec doit en effet se résoudre à reporter le processus d’approvisio­nnement du tramway d’un an, parce qu’elle doit retourner en appel d’offres.

Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle. Cela survient à quelques mois d’une campagne électorale, où des opposants s’en donneront à coeur joie sur le dos d’un projet pourtant important pour l’avenir de la région, et aussi pour sa relance.

Le maire Régis Labeaume a souvent manifesté son impatience, depuis l’an dernier, dans les négociatio­ns qui n’en finissaien­t plus avec le gouverneme­nt de la CAQ à propos du projet.

« Je veux juste rappeler qu’on a des consortium­s qui attendent. Pendant ce temps-là, les prix vont monter, et ça va à nous tous coûter plus cher éventuelle­ment », avait-il dénoncé en janvier.

L’acquisitio­n de Bombardier par Alstom est aussi venue brouiller les cartes, si bien que la Ville s’est retrouvée avec un seul soumission­naire. Il en coûtera donc 100 M$ de plus, selon les calculs faits par le vérificate­ur de la Ville dans un récent rapport.

ARGUMENTS FALLACIEUX

La ministre Guilbault laissait entendre hier que ces mois de négociatio­n étaient nécessaire­s afin de bonifier la « desserte des banlieues ».

J’estime plutôt que le gouverneme­nt a voulu mettre son imprimatur sur le projet. Et puis, personne en dehors du gouverneme­nt n’est convaincu, jusqu’à présent, que les modificati­ons améliorero­nt vraiment cette desserte.

En attendant, les problèmes de congestion routière à Québec vont continuer de croître. La pandémie a mis la situation sur pause, mais on en sera bientôt sorti, et le retour à la réalité sera difficile.

La poudre aux yeux que jette le gouverneme­nt sur la région finira bien par atteindre ses limites.

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